Vous avez surement déjà entendu cette phrase: le Québec émet environ 10 tonnes de CO2 par habitant. OK, mais ça veut dire quoi, exactement? Cette information peut-elle m’aider à réduire mon impact environnemental en tant que consommateur? Pas vraiment, car ce chiffre mesure l’impact de ce qui est produit au Québec, et non de ce qui est consommé.
Ne pas confondre l’approche production et l’approche consommation
Les émissions de gaz à effet de serre (GES) du Québec peuvent être calculées selon deux approches complémentaires. L’approche production mesure l’impact de tout ce qui est produit sur le territoire, peu importe si cela est consommé localement ou exporté. Elle comptabilise donc les GES directement émis au Québec et causés par nos déplacements, nos industries, notre agriculture, notre production d’électricité, le fonctionnement de nos logements et le traitement de nos déchets, sans prendre en compte ce qui se passe au-delà de nos frontières.
L’empreinte de la production québécoise pourrait refléter celle des consommateurs si le Québec était complètement autosuffisant et que l’on consommait tout ce que l’on produit, mais c’est loin d’être le cas. Comprendre les conséquences environnementales de nos modes de vie nécessite d’utiliser une approche consommation. L’idée est de comptabiliser toutes les émissions de GES sur le cycle de vie des biens et des services consommés sur le territoire pour répondre à ses besoins, comme se déplacer, se nourrir, se loger, se vêtir, se divertir, se soigner, s’instruire, etc. L’approche consommation s’intéresse non seulement aux impacts de ce qui est produit et consommé localement au Québec, mais aussi aux impacts de nos importations, qui ont lieu ailleurs dans le monde.
L’Institut de la statistique du Québec (ISQ) vient justement de publier une première étude sur l’empreinte carbone des ménages québécois en 2017 avec une approche consommation. Je vous propose ici un tour d’horizon de ce qu’il faut retenir à ce sujet.
Nos actions les plus dommageables: rouler, se chauffer et manger
D’après l’étude de l’ISQ, le transport causerait annuellement 3,2 tonnes de GES par personne et serait le principal responsable de l’empreinte carbone des ménages québécois. Plus de 60 % de cette empreinte provient de la combustion du carburant dans le moteur, mais presque un tiers provient également de la construction et de l’entretien de nos véhicules.
Le logement arrive en seconde position, avec 2,6 tonnes de GES annuel par personne, et est largement dominé par les émissions générées par le chauffage. Ce chiffre pourrait même augmenter de 30 % si l’on ajoutait les impacts de la construction de nos logements.
Enfin, l’alimentation est le troisième plus gros contributeur à l’empreinte carbone des ménages. Cependant, l’étude de l’ISQ sous-estime cet impact, car les émissions de méthane et d’oxyde nitreux, deux puissants GES qui sont émis en grande quantité dans le secteur agricole, ne sont pas prises en compte dans la production des aliments importés.
Notre empreinte consommation est supérieure à la moyenne mondiale
L’étude de l’ISQ estime que les dépenses d’un ménage québécois moyen ont généré 8,7 tonnes de GES par personne en 2017 et que le transport, le logement et l’alimentation seraient responsables de plus de 85 % de cette empreinte. Si on ajoute à ce chiffre l’impact de nos services gouvernementaux et celui de la production de nos infrastructures, l’empreinte carbone totale de la société québécoise serait de l’ordre de 14 tonnes d’équivalent CO2 par personne par année. C’est tout de même 40 % de plus que les 10 tonnes dont on parle souvent!
En fait, l’empreinte carbone totale de notre consommation est moins élevée que la moyenne canadienne, qui est de l’ordre de 18 tonnes, ou que l’empreinte de nos voisins américains, qui atteint le record de 24 tonnes par habitant. Pourtant, notre empreinte reste élevée en comparaison de celles de la France ou de la Chine, qui oscillent autour de 10 tonnes, ou encore de la moyenne mondiale, qui était de 4,7 tonnes par habitant en 2017.
Plus d’un tiers de nos GES sont émis en dehors du Québec
Contrairement à l’approche production, qui se concentre sur les émissions d’un territoire, l’approche consommation nous permet d’identifier d’où proviennent les impacts de ce que l’on consomme. Par exemple, une bonne partie des vêtements, meubles, équipements ménagers ou appareils de télécommunication achetés au Québec sont fabriqués en Chine et génèrent donc des émissions dans ce pays.
Environ 60 % de l’empreinte carbone générée par les ménages québécois sont causés par des émissions de combustion pour faire fonctionner les autos ou chauffer les maisons, et 14 % des GES des ménages sont produits ailleurs au Canada, notamment pour la production alimentaire et la production de combustible. Enfin, 25 % des GES sont émis hors du Canada pour la production de nos aliments, nos pièces automobiles, nos meubles et équipements ménagers, nos combustibles et nos vêtements.
Les actions prioritaires pour réduire l’impact de notre consommation
Réduire l’impact de notre transport
• Rouler moins et limiter l’usage de l’avion;
• Adopter une écoconduite pour limiter sa consommation de carburant;
• Rouler électrique et prolonger au maximum la durée de vie de son auto;
• Réduire l’impact de son alimentation.
Bannir le gaspillage alimentaire
• Planifier ses repas en conservant mieux sa nourriture et en cuisinant ses restes.
Réduire sa consommation de viande
• Diminuer notamment sa consommation de viande rouge, comme le bœuf.
Réduire l’impact du chauffage
• Baisser les radiateurs de quelques degrés en hiver;
• Bien isoler les maisons;
• Éviter d’installer un chauffage à partir d’énergie fossile (gaz naturel, mazout).
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