Nos étés sont de plus en plus chauds et ce n’est pas sans conséquence. Par exemple, la vague de chaleur de 2021 en Colombie-Britannique aurait provoqué plus de 400 décès supplémentaires. Alors pour s’adapter à ces conditions et sauver des vies, on investit dans des climatiseurs. Moi qui ai toujours détesté le froid artificiel, je me sens bien chanceuse aujourd’hui d’avoir emménagé dans un appartement au dernier étage avec clim! Ce confort a cependant un prix pour la planète.
La clim gourmande en électricité
Le nombre de climatiseurs au Canada a triplé ces 25 dernières années, et aujourd’hui deux tiers des Québécois en possèdent un. Avec l’augmentation des températures, du niveau de vie et la baisse des prix des climatiseurs, la tendance est la même ailleurs dans le monde. D’après l’Agence Internationale de l’Énergie, 10 % de l’électricité mondiale (soit 2 000 TWh) est utilisée pour refroidir nos locaux, soit deux fois la quantité totale d’électricité consommée en Amérique latine! Au Canada, la climatisation compte pour 2 % de l’énergie utilisée dans nos maisons (car on utilise beaucoup d’énergie pour chauffer), ce qui représente tout de même plus de 1 TWh par année.
L’impact sur les changements climatiques de la climatisation va dépendre du mix électrique de la région où elle est utilisée. Par exemple, en Alberta, avec un mix électrique fortement carboné, la consommation électrique dominera les impacts du climatiseur sur son cycle de vie. Dans ce cas, choisir un climatiseur avec la meilleure efficacité énergétique possible sera essentiel. L’impact sera plus faible au Québec grâce à notre hydroélectricité,. Ce sont alors les pertes de réfrigérant lors de l’utilisation et de la production du climatiseur qui engendreront le plus d’impact sur le cycle de vie. Bien entretenir son climatiseur pour limiter les fuites et ne pas choisir un climatiseur surdimensionné seront les meilleurs gestes à poser pour réduire son impact au Québec.
Enfin, n’oublions pas que la façon dont nous utilisons nos climatiseurs influence ses performances environnementales. Diminuer le temps d’utilisation du climatiseur, mettre une température pas trop basse et éteindre l’appareil plutôt que le laisser en veille sont des gestes à notre portée pour diminuer sa consommation d’énergie.
Plus froid dedans, mais plus chaud dehors
Le principe de la climatisation est semblable à celui de votre frigo: la chaleur est capturée et rejetée à l’extérieur grâce à un échangeur de chaleur. On refroidit donc notre intérieur, mais on augmente la chaleur à l’extérieur! Ce mode de fonctionnement est un enjeu en ville, car les climatiseurs augmentent le phénomène d’ilots de chaleur. Une étude menée à Paris montre que les climatiseurs augmentent la température extérieure d’environ 1°C.
Ce phénomène est proportionnel au nombre de climatiseurs installés et est d’autant plus important la nuit. Allumer sa clim en ville illustre donc bien l’expression «Pelleter le problème dans la cour du voisin». Finalement, les personnes n’ayant pas de clim sont les plus affectées. Encore une bonne raison de garder un usage de la clim le plus sobre possible.
Attention aux fuites de réfrigérants
Bien que les réfrigérants CFC et HCFC qui détruisaient la couche d’ozone soient maintenant interdits, les réfrigérants actuels ne sont pas parfaits. Le R410a, le gaz réfrigérant le plus répandu aujourd’hui dans les climatiseurs, a un impact sur les changements climatiques 2 100 fois supérieur au CO2. Chaque climatiseur en contient environ 0,9-1,8 kg, ce qui implique qu’en laissant s’échapper l’entièreté des gaz d’un climatiseur, on peut générer jusqu’à 4 000 kg CO2 eq., soit l’équivalent de plus de 10 000 km en auto. Même si les constructeurs de climatiseurs se tournent de plus en plus vers des réfrigérants moins impactants, on voit bien ici l’importance d’éviter que les fluides réfrigérants se retrouvent dans l’atmosphère.
Les fuites de réfrigérants ont principalement lieu lors de l’utilisation du climatiseur, et lors de sa fin de vie, s’ils ne sont pas récupérés adéquatement. Les fuites lors de l’utilisation ont un double impact sur les changements climatiques: non seulement le réfrigérant a un impact direct quand il est émis dans l’air, mais la perte de réfrigérant diminue l’efficacité du climatiseur, ce qui augmente la consommation électrique et donc les impacts de façon indirecte. Pour prévenir les fuites et optimiser le rendement, un entretien annuel du climatiseur est recommandé.
Enfin, lorsque vous souhaiterez vous séparer de votre climatiseur, pensez à le déposer à l’écocentre pour que les gaz réfrigérants soient retirés dans un centre de traitement adéquat. En effet, la majorité des appareils laissés en bord de rue ne sont pas traités adéquatement. GoRecycle propose également des points de dépôt gratuits partout au Québec pour les climatiseurs mobiles.
Conseils pour une climatisation plus écologique
- Prévenir l’augmentation des températures à l’intérieur (avant d’allumer la clim!)
- Repenser la conception des habitations et des villes pour éviter les ilots de chaleur (plus de végétation, murs et toits blancs, orientation des maisons, etc.)
- Poser des gestes de prévention pour limiter l’augmentation de la chaleur dans les maisons (fermer les rideaux le jour, aérer la nuit, utiliser un déshumidificateur pour atténuer la sensation de chaleur, etc.)
- Bien choisir son système de climatisation
- Préférer un appareil certifié ENERGY STAR
- Investir dans une clim réversible pour l’utiliser aussi comme complément de chauffage en hiver
- Éviter les climatiseurs surdimensionnés
- Garder un usage sobre de la climatisation
- L’utiliser uniquement lorsque nécessaire
- L’éteindre lorsque l’on n’est pas à la maison
- Choisir une température pas trop basse. Environnement Canada recommande entre 25 et 27°C.
- Bien entretenir son climatiseur pour garder une bonne efficacité énergétique et limiter les fuites de réfrigérants
- Déposer son vieux climatiseur à l’écocentre pour qu’il soit recyclé adéquatement
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