Justice, prudence, force, tempérance… et achat local. La liste des vertus cardinales s’est allongée récemment, et gare à celui ou celle qui ne professe pas sa foi pour la pinte de lait frappée du sceau de la vache canadienne !
Ce fougueux élan de patriotisme collectif, nous le devons aux très médiatisées négociations qui ont mené à l’adoption du nouvel accord de libre-échange Canada–États‑Unis–Mexique, fin 2018.
Certains producteurs, comme Parmalat, ont ainsi découvert que ce sont parfois les réseaux sociaux qui influencent les stratégies de marketing, et non le contraire, alors que d’autres, comme ceux de l’Association des fabricants de meubles du Québec et de l’Association québécoise de la quincaillerie et des matériaux de construction, ont profité de l’humeur ambiante pour lancer de nouveaux labels intégrant la fleur de lys ou la feuille d’érable.
Mais comment être certain que ce que l’on achète est vraiment «local»? Lorsque j’ai proposé à nos journalistes Mathilde Roy et Frédéric Perron de creuser la question, je me doutais qu’ils trouveraient des nuances à apporter au débat public.
Et ils ont rempli leur mandat, comme vous le constaterez en lisant leur grand dossier, qui occupe la moitié de notre édition de mai.
Les deux travaux du consommateur
Notre premier article L'achat local, c’est quoi au juste? vous aidera à décider de ce que vous considérez comme un achat local et jusqu’où vous voulez aller dans cette logique. «Qu’est-ce qu’une entreprise canadienne ou québécoise? La définition change d’une industrie à l’autre», dit Frédéric, au terme d’un projet de recherche et de rédaction qui s’est étalé sur plus de trois mois.
«Dans l’industrie automobile, l’assemblage des pièces au Canada confère généralement aux véhicules un caractère “local”, alors que dans le domaine alimentaire, on recherche des ingrédients d’ici», explique Mathilde, qui ajoute que les experts interviewés ne voyaient pas tous la question du même œil.
«Plusieurs économistes considèrent que la mondialisation fait augmenter la qualité de vie et que le Québec s’appauvrirait, comme société, s’il fabriquait tout localement», dit-elle. Une opinion controversée, mais dont il faut tenir compte pour obtenir un portrait complet de la situation.
Comment acheter local
Nos autres textes vous donneront des indications précises pour repérer les entreprises d’ici, dans de nombreux domaines: alimentation, alcool, produits d'entretien ménager, outils et quincaillers, articles de soins personnels, meubles et véhicules. Vous y ferez certainement des découvertes, comme ce fut le cas pour nos journalistes. À lire aussi: notre article sur les produits locaux difficiles à trouver. Vous pouvez également lire nos articles grâce à notre magazine web (vous devez être connecté à votre compte pour voir et cliquer sur le bouton «lire en ligne»).
«Il est relativement facile de changer ses habitudes dans le domaine des produits d’entretien ménager, puisque les marques d’ici sont bien distribuées et vendues à des prix semblables à ceux des marques importées», fait remarquer Frédéric.
«L’expertise des laboratoires québécois est vaste dans le domaine des soins personnels et du maquillage», ajoute Mathilde.
Vous verrez aussi que, pour concurrencer les multinationales, diverses entreprises québécoises et canadiennes ont choisi le bio et le durable, deux tendances appréciées des consommateurs.
«Les meubles d’ici misent sur la qualité, la beauté et la “réparabilité”, illustre Frédéric. Pour les consommateurs qui ont les moyens d’investir dans des produits qu’ils garderont longtemps, c’est une industrie à découvrir.»
Si «acheter, c’est voter», il est plus que jamais important pour les consommateurs de bien comprendre les enjeux du marché et les impacts de leurs choix. Nous espérons donc que ce grand dossier vous aidera à orienter vos décisions, pour les petites et les grandes transactions.