À coups de «deux pour un» et de collections griffées, elles ont réussi à transformer, dans l’imaginaire collectif, une simple orthèse en un accessoire de mode hors de prix.
À preuve: j’ai moi-même craché, en 2018, plus de 1 100 $ pour des lunettes et des verres fumés signés par la regrettée Kate Spade. Et j’ai fait «tchik-a-tchik» dans l’allégresse, pensant déjà aux compliments que me vaudraient ces jolis accessoires. Mais 1100 $, vraiment? Le dossier que mes collègues vous livrent ce mois-ci m’incite à croire que j’aurais plutôt dû engraisser mon CELI.
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Vous payez trop cher
La donne a changé depuis notre plus récent dossier, publié il y a cinq ans. Nous ne vous dirons pas que l’achat en ligne est pour tout le monde. Il s’est toutefois sérieusement démocratisé, au point où notre directeur de la recherche et de l’innovation, Samuel Lambert-Milot, n’hésite pas à dire que «payer des centaines de dollars pour un bout de broche ou de plastique, c’est farfelu.» Celui qui a supervisé nos enquêtes de 2014 et de 2019 ajoute que «nous avons trouvé sur le Web des lentilles à 20 $ qui sont de qualité équivalente à celles vendues à 110 $ en magasin.»
L’attitude des professionnels de la vue à l’égard de la vente en ligne a aussi évolué, comme l’a constaté notre journaliste Rémi Leroux: «Il y a quelques années, les experts se disaient inquiets pour leur profession et mettaient en garde les consommateurs. Ce n’est plus le cas, puisqu’ils se sont rendu compte que la majorité des clients continuent d’aller en boutique.»
Notre sondage sur les lunetteries montre d’ailleurs que les clients apprécient généralement ces commerces. «Je croyais que les gens se montreraient insatisfaits des lunetteries qui pratiquent des prix élevés, mais ce n’est pas le cas, dit notre chargée de projet sénior Clémence Lamarche. En réalité, aucune des enseignes évaluées ne suscite la grogne.»
C’est que les boutiques ont de sérieux avantages sur leurs rivaux numériques. Les sites transactionnels peuvent vendre de bonnes lunettes, mais pas les ajuster pour leurs clients. D’où la récente émergence d’un concept hybride de commerces qui font de la vente en ligne, tout en ayant aussi pignon sur rue.
Osez négocier le prix de vos lunettes
Par ailleurs, les outils de mesure des lunetteries en ligne ne sont pas encore au point. Avant d’utiliser leurs services, vous devrez vous débrouiller pour obtenir, auprès de votre optométriste, une donnée importante… mais généralement absente des ordonnances: votre distance interpupillaire (DIP). «Autrement, vous pourriez subir de la fatigue visuelle ou des maux de tête que vous n’associerez pas tout de suite à vos nouvelles lunettes», signale notre chargé de projet Charles Désy.
Vous devriez donc prendre l’habitude de demander une copie de votre prescription (incluant la DIP) après chacun de vos examens de la vue. «Le professionnel est tenu de vous la fournir, puisque votre dossier vous appartient, explique Rémi. Mais ça prend de la confiance pour en faire la demande, sachant que les consommateurs voient leur optométriste comme un médecin. Ils ne se sentent pas forcément en bonne position pour exiger quoi que ce soit.»
Qu’à cela ne tienne! Votre ordonnance est à vous, et c’est un formidable outil de négociation. «Si on vous demande pourquoi vous voulez votre prescription, dites que vous trouvez les lunettes chères chez l’opticien et que vous avez décidé de magasiner», suggère Samuel. Charles abonde dans le même sens: «La plupart du temps, il y a une forme de rabais possible dans les lunetteries. Vous serez surpris de ce que vous pouvez vous faire offrir sur place.»
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