Depuis le début du confinement, je me cherche de nouveaux passe-temps. J’ai eu ma période «tutoriels de dessin», ensuite j’ai fait le tour de Netflix et de Tou.tv deux fois, puis j’ai «marie-kondo-isé» mes armoires et j’ai bricolé des masques à porter pendant les expéditions au supermarché.
À travers tout ça, j’ai découvert l’application d’un jeu de société, où j’ai croisé mon ancienne coloc (circa 1999), qui fait une adversaire redoutable et appréciée.
Là où je me suis un peu gratté la tête, c’est quand de gentils messieurs m’ont abordée à l’aide de la fonction «clavardage» de l’appli. De façon unanime, ils n’avaient que de bons mots pour ma photo de profil, où je considère pourtant que l’on ne voit pas grand-chose.
Il y a eu le ténébreux Erik*, ingénieur de sa profession et habitant d’une plateforme pétrolière de son état; Jeff*, le soldat américain posté au Yemen; Adam*, le soldat américain confiné dans son propre pays; Frank*, le consultant auprès des soldats américains en Syrie, et, le plus original, le jeune Hans*, lieutenant de la marine allemande qui affirme beaucoup s’ennuyer dans son sous-marin. J’en passe, et des plus comiques.
Tous ont vite ressenti le besoin pressant de me parler «en vrai», soit par courriel, par vidéoconférence ou par téléphone. Dès que j’ai dit non, la plupart sont disparus en deux minutes.
Doute raisonnable
Je dois dire que cet élan de popularité soudaine m’a laissée perplexe. Je ne suis pas un laideron, mais pas Beyoncé non plus. Calmez-vous, messieurs.
Et c’est à ce moment que je me suis mise à chercher d’où pouvaient bien sortir ces soupirants.
Comme je m’en doutais, il y a anguille sous roche. Les approches de ces princes charmants des temps modernes ressemblent à celle de fraudeurs ayant (notamment) sévi sur l’appli Words with Friends.
Mesdames, faites attentions aux signes suivants :
- votre correspondant affirme être loin de vous, dans un milieu où vous devinez qu’il manque de compagnie féminine;
- il insiste pour vous dire à maintes reprises que vous avez beaucoup d’esprit et que vous êtes fort jolie, même si vous ne lui faites aucun compliment en retour;
- il cherche une manière de vous faire sortir de l’environnement où il vous a trouvée afin d’établir un lien plus direct, de connaître votre identité ou de recueillir vos confidences sur une plateforme où il pourra potentiellement les enregistrer.
À en croire divers forums, des femmes se sont fait extorquer beaucoup d’argent par le biais de tels stratagèmes. Une fois vos secrets livrés à un étranger, celui-ci a le beau jeu pour vous faire chanter.
J’ajouterais donc que, à moins de jouer avec une personne que vous connaissez dans la vraie vie, il vaut mieux bloquer la fonction «clavardage» de ce type d’application sans attendre.
Par ailleurs, faites attention si vous vous connectez par le biais d'un service comme Facebook, puisque votre photo de profil peut être alors appliquée dans le jeu.
* J’ai changé les prénoms, mais, comme ces messieurs en utilisent probablement des faux, peut-être suis-je tombée sur les vrais, par inadvertance. Si c’est le cas, mes excuses.