«Best Buy, tu me déçois», me suis-je exclamée tout fort, en plein magasin, lorsque ma fille s’est ruée sur une pile de toutous à l’effigie du satané Baby Shark*, alors que je m’enlignais pour faire une course rapide au rayon des accessoires pour téléphones intelligents.
J’ai plus tard passé une dizaine de très inconfortables minutes dans la file d’attente du Canadian Tire, à prévenir de mon mieux un déversement de petits bonbons, une attaque de balles rebondissantes… et une crise de bacon.
Voulez-vous bien me dire pourquoi un magasin d’électronique et une quincaillerie alignent des jouets à la hauteur des jambes de leurs clients, si ce n’est pour que de petits êtres humains s’en amourachent et supplient de plus grands êtres humains de les acheter?
Avant de me dire avec délicatesse que ce qui vous déçoit, vous, c’est ma forte naïveté ou mes faibles habiletés parentales, attendez que je vous explique quelque chose.
Depuis la naissance de ma fille il y a quatre ans, la vaste majorité de mes visites au supermarché ont été des voyages solitaires. On m'a rarement vue gérer quelque débordement émotif que ce soit en public devant des boîtes de Froot Loops.
J’évite aussi, dans la mesure du possible, de trimballer ma progéniture lorsque l’idée me prend de mettre les pieds dans une de ces anciennes librairies reconverties en magasin général ou dans un magasin de jouets.
J’ai toutefois la forte conviction qu’il devrait être encore possible, en 2019, d’entrer dans un commerce sans sentir que quelqu’un veut forcer un achat impulsif par la méthode la plus déloyale qui soit: le piège à famille.
Cette chose se présente généralement sous la forme d’un «rack» plein de peluches, de sacs à surprises ou de cahiers à colorier. Si vous n’y avez jamais porté attention, vous les remarquerez désormais partout – pharmacie, magasin de chaussures (!), etc. – maintenant que je vous en ai parlé.
Je n’ai pas de doctorat en psychologie de l’enfant, mais je peux vous dire que même le petit coco le mieux élevé de la planète vibre de tout son être à la vue des personnages de la Pat’Patrouille. Demandez à mes parents: malgré toute la discipline qu’ils s’efforçaient de mettre en place, je devais sauter comme un kangourou à la vue d’une photo de Nathalie Simard ou de la (vraie de vraie) Passe-Partout.
Tout ça pour dire que: commerçants, peut-on remonter les bébelles d’une couple de pieds? Et parents: quels sont vos trucs pour calmer les coups de foudre consuméristes de vos petits chéris?
* Si ça vous intrigue: je vous confirme que nous sommes reparties sans ce toutou, et sans créer d’esclandre. Une bataille de gagnée.