Faut-il se désoler ou se réjouir lorsqu’on apprend que 14 % des hydratants pour le corps analysés sont dépourvus d’ingrédients potentiellement à risque? Tout dépend du point de vue que vous adoptez. D’un côté, 68 «meilleurs choix» dans une immense liste de 502 produits, ce n’est certes pas beaucoup. De l’autre, 14 %, c’est plus que le double de la performance observée, en 2018, au rayon des hydratants pour le visage.
>> Consultez notre évaluation de 502 crèmes hydratantes pour le corps
Les experts que nous avons consultés y voient une réelle tendance à l’amélioration des produits, dit notre journaliste responsable de la section Santé, Mathilde Roy. «Les fabricants de cosmétiques constatent que les consommateurs sont de plus en plus nombreux à s’informer auprès d’organismes comme la Fondation David Suzuki et l’Environmental Working Group afin de trouver des produits exempts de substances jugées potentiellement à risque pour la santé.»
Pour l’industrie, un tel intérêt ne peut passer inaperçu. Il s’agit, après tout, d’une occasion à saisir. «Plusieurs des entreprises que nous avons contactées pour les interroger sur leur utilisation d’ingrédients problématiques nous ont affirmé être en train de formuler de nouvelles crèmes plus naturelles», ajoute Mathilde.
Comme quoi «acheter c’est voter» n’est pas qu’un slogan, et tous les espoirs sont permis.
Du chemin à faire
L’industrie a toutefois un long chemin à parcourir avant que les siloxanes, le phénoxyéthanol et les dérivés du pétrole se fassent rares sur les tablettes. D’ici là, les clients doivent essayer de comprendre des listes d’ingrédients longues et obscures, qui changent d’une marque à l’autre, et même d’un pot à l’autre, dans la même gamme. « La vigilance est de mise, parce qu’il y a énormément de crèmes hydratantes et que deux produits qui portent le même nom et semblent identiques peuvent avoir des ingrédients différents », relève notre chargée de projet sénior, Clémence Lamarche.
Par ailleurs, «le Canada impose aux fabricants l’utilisation de la norme internationale INCI, mais de nombreuses listes non conformes se retrouvent quand même sur le marché. Pour les consommateurs, c’est un grand charabia», dit Linda Gauthier, la chargée de projet qui a passé des heures et des heures (et des heures !) à lire de petits caractères afin de trouver les meilleurs produits.
Les consommateurs avertis doivent aussi tâcher de départager le vrai du faux parmi les nombreuses allégations imprimées sur les emballages. Les cosmétiques étant moins réglementés que les aliments, leurs fabricants y vont d’affirmations qu’ils n’ont pas à prouver.
Le mot «biologique», par exemple, apparaît sur près d’une centaine de produits analysés. Or, dans ce sous-groupe, environ 80 % des emballages ne sont pas frappés d’une certification officielle vérifiée par un tiers, comme Ecocert. «Dans notre évaluation, tous les produits qui détiennent une certification biologique rencontrent les critères permettant d’obtenir la mention “meilleur choix”. Il s’agit donc d’un bon indice de qualité à rechercher en magasin», dit Mathilde.
«Par contre, les certifications ne sont pas à la portée de toutes les petites entreprises, qui les trouvent parfois chères et craignent de devoir faire augmenter le prix de leurs produits pour compenser ces frais», nuance Linda. Il y a donc peut-être sur le marché des produits non certifiés qui sont bel et bien bios. Mais bonne chance pour savoir lesquels peuvent vraiment prétendre une telle chose…
Votre meilleur guide, pour l’instant, c’est donc la liste de «meilleurs choix» que nous avons constituée pour vous ainsi que le résumé des certifications à rechercher. Ne partez pas magasiner sans eux!
>> Lisez l'évaluation de 502 crèmes hydratantes pour le corps sur notre site web. Vous pouvez aussi lire nos enquêtes et articles grâce à notre magazine web (vous devez être connecté à votre compte pour voir et cliquer sur le bouton «lire en ligne»).