Rien ne va plus sur le marché boursier. Malmenés par la forte remontée des taux directeurs par les banques centrales, sans parler des incertitudes économiques et géopolitiques, les rendements en ont pris pour leur rhume.
Émile Khayat, directeur régional principal, Gestion de patrimoine TD – Planification financière, confirme qu’en 2022, il n’y a aucun endroit où se réfugier en Bourse! D’un côté, l’augmentation rapide des taux d’intérêt a pesé lourd sur la valeur des obligations et, à l’inverse, les hausses affichées par certains types de placement, les CPG par exemple, ne peuvent rivaliser avec l’inflation galopante.
À chaque âge sa réalité
En ce qui me concerne, j’ai décidé de faire le dos rond. Je me dis que la tempête passera et que mon portefeuille équilibré finira bien par me procurer, le moment venu, des revenus de retraite acceptables. Mais j’ai encore quelques bonnes années devant moi avant d’en arriver là. Or, le degré d’anxiété grandit avec notre tranche d’âge, ce qui est bien normal. En effet, plus on se rapproche du moment où l’on va cueillir les fruits d’une vie de labeur, plus notre marge de manœuvre s’amenuise.
Sans surprise, lorsqu’on est dans la trentaine, il n’y a pas lieu d’angoisser. À cet âge, les investisseurs sont souvent sur le marché boursier et l’amplitude des mouvements que l’on connaît actuellement peut être bien tolérée par ceux qui ont un profil équilibré ou audacieux, d’après Émile Khayat. Même chose dans la quarantaine, bien que, dans cette tranche, on commence généralement à planifier la retraite.
Ça se corse un peu dans la cinquantaine. Le directeur régional principal souligne que certains clients ont décidé de ne pas travailler jusqu’à 65 ans, la pandémie ayant redéfini leurs priorités de vie. La situation actuelle soulève toutefois des interrogations sur la viabilité d’un projet de retraite précoce. En outre, leur portefeuille est encore généralement investi à 50 % dans des actions, et les corrections du marché peuvent générer du stress, même s’ils en ont déjà connu plusieurs. Son conseil: pas de panique et rester investi sans se laisser aller à des décisions dictées par les émotions.
Il constate toutefois que ses clients dans la soixantaine se montrent préoccupés, en particulier ceux qui n’ont pas pu économiser suffisamment pour leurs vieux jours. Ces derniers auront effectivement du mal à absorber une certaine perte, d’autant plus que même les placements considérés comme sécuritaires ont accusé le coup.
Revoir son plan financier avec son conseiller permettra de mesurer l’impact réel des turbulences boursières et de trouver des solutions. Par exemple, même si ce n’est pas la panacée, investir dans des CPG pourrait constituer une option en attendant que la situation se stabilise.
Inquiétude chez les retraités
Émile Khayat indique toutefois que la tranche des retraités est très inquiète. Ils sont en effet habitués aux rendements stables des dernières années, et les fortes variations que l’on connaît actuellement les ont plongés dans l’incertitude. Ils vivent une baisse d’une ampleur à laquelle ils ne s’attendaient pas. En particulier ceux qui ont transféré des placements garantis, rapportant peu à l’époque, dans des fonds de placement qui, eux, écopent davantage de la conjoncture.
Comment réagir? Émile Khayat rappelle qu’il faut s’attacher au plan de match initial convenu avec son conseiller et s’y tenir. Un exercice de remise en perspective peut aussi s’avérer salutaire: on peut se demander, par exemple, s’il s’agit d’une baisse uniquement sur le papier ou s’il est nécessaire de vendre des placements afin de maintenir son train de vie. En fonction de la réponse, on pourra ajuster la stratégie ou tout bonnement cesser de se ronger les sangs.
C’est un ralentissement important, certes, mais les experts s’entendent pour dire que, d’un point de vue historique, la Bourse a toujours su démontrer sa résilience. En attendant des jours meilleurs, je vais donc me cramponner au bastingage.
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