Depuis le printemps 2022, la Banque du Canada a augmenté son taux directeur à huit reprises, avec l’impact que l’on sait sur les taux hypothécaires qui ont grimpé en flèche. Les propriétaires qui, comme moi, ont contracté une hypothèque à taux fixe n’ont pas encore été frappés par la vague. Nous le serons au moment de notre renouvellement.
En revanche, les prêts hypothécaires à taux variable et à paiements variables passent déjà dans le tordeur depuis un an. Quant aux propriétaires qui ont opté pour un prêt à taux variable avec des paiements fixes, plusieurs se sont crus relativement épargnés… jusqu’à ce qu’ils reçoivent un appel de leur prêteur hypothécaire.
Dépasser le seuil
C’est là qu’ils ont sans doute entendu parler pour la première fois du fameux seuil de déclenchement. Julien Michaud, actuaire et analyste à l’éducation financière chez l’Autorité des marchés financiers (AMF), explique que cela se produit lorsque les paiements ne suffisent plus à rembourser les intérêts sur le prêt en raison de l’augmentation des taux. Autrement dit, malgré vos paiements, votre dette augmente au fil du temps au lieu de décroître.
Voici un exemple chiffré : admettons que le taux d’intérêt soit de 5,5 % sur un solde hypothécaire de 400 000 $. Dans ce cas de figure, il faudra effectuer un versement d’au moins 835,60 $ toutes les deux semaines pour couvrir les intérêts de la dette. En deçà, la limite du seuil de déclenchement est franchie. Ce tableau préparé par Julien Michaud examine plusieurs hypothèses avec différents soldes de prêts hypothécaires et taux d’intérêt.
Même si vous avez dépassé ce seuil, il est possible que votre institution financière n’exige pas une hausse immédiate de vos paiements. En effet, l’analyste de l’AMF souligne que votre prêteur pourrait faire preuve d’une certaine tolérance si cela fait déjà plusieurs années que vous payez votre hypothèque rubis sur l’ongle et qu’une bonne partie est remboursée.
Quelques solutions
Mais s’il vous contacte, dans ce cas, n’hésitez pas à négocier. Plusieurs solutions sont envisageables : soit augmenter vos paiements de façon à pouvoir rembourser la totalité des intérêts mensuellement, ou encore emprunter sur une plus longue période. Par exemple, passer d’un prêt de 25 ans à 35 ans, ce qui permettrait d’alléger les paiements malgré la hausse des taux d’intérêt, à tout le moins de les maintenir à un niveau raisonnable pour votre budget.
Julien Michaud souligne toutefois que ce ne sont pas tous les prêteurs qui acceptent de prolonger l’échéance ; il est donc préférable de se renseigner préalablement. De plus, contracter une hypothèque sur plusieurs années supplémentaires fera grimper sensiblement le montant des intérêts versés au bout du compte. Ainsi, un prêt de 400 000 $ rapporté sur une période de 35 ans générerait des intérêts de 444 661 $ au lieu de 297 119 $ sur 25 ans (pour un taux d’intérêt de 6 %).
Autre possibilité : convertir votre prêt à taux variable à taux fixe, puisque les taux fixes sont actuellement plus avantageux que les taux variables, une période inédite dans l’histoire. Cela dépendra néanmoins de ce que prévoit votre contrat, et il est possible que vous ayez à verser des pénalités.
Un conseil, si vous êtes proche de la limite, n’attendez pas et prenez les devants en communiquant avec votre prêteur ! Montrez-vous proactif, faites vos calculs et proposez une solution acceptable pour les deux parties. Rappelez-vous que la banque ne souhaite pas nécessairement récupérer les clés de la propriété : vous n’êtes pas seuls dans cette situation, et votre institution financière n’a sûrement pas envie de se retrouver avec un vaste parc immobilier de reprises de finance à gérer !
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