Même si ma propre retraite est encore lointaine, je me demande parfois si je serai en mesure de cesser complètement de travailler, du moins durant les premières années. Pas uniquement pour des questions financières, mais aussi parce que j’adore mon métier.
En revanche, c’est bien beau de rester sur le marché du travail, mais encore faut-il que cela en vaille la peine ! Si le moindre dollar gagné vient amputer ma rente du Régime de rentes du Québec (RRQ) durement accumulées, je préférerais sans doute me consacrer au jardinage… Voici comment peser le pour et le contre de tout ça et prendre la meilleure décision en fonction de votre situation.
Deux points incontournables
Il y a deux facteurs essentiels à considérer : l’impôt et les rentes gouvernementales. Concernant la fiscalité, tout revenu supplémentaire s’ajoutera nécessairement à vos autres sources de revenus (rentes de retraite, retraits du fonds enregistré de revenu de retraite [FERR], etc.), ce qui vous fera peut-être passer dans une tranche d’imposition supérieure. Dès lors, l’impôt sera calculé au taux marginal le plus élevé, comme le rappelle Hadi Ajab, planificateur financier indépendant et représentant en épargne collective rattaché à Services en placements PEAK.
Petite consolation : le gouvernement provincial encourage les retraités à continuer à travailler grâce au crédit d’impôt non remboursable pour prolongation de carrière. Si vous êtes âgé de 60 à 64 ans et que vous travaillez encore, le montant maximal sera de 1 500 $; il passera à 1 650 $ à partir de 65 ans. Pour y être admissible, il faut percevoir un revenu de travail d’au moins 5 000 $. Ce crédit décroît et même disparaît après un certain seuil, et il s’avère avantageux pour les travailleurs qui gagnent jusqu’à 35 650 $. En fait, avec cette mesure, le gouvernement cible une tranche très précise de la population : les retraités qui cherchent à se procurer un revenu d’appoint en plus de leurs rentes de retraite, et non pas ceux qui empochent de gros salaires.
Demander vos rentes ou pas?
L’incidence d’un revenu d’emploi sur les rentes gouvernementales pèse aussi dans la balance. Attention : il existe un seuil de récupération au-delà duquel la pension de la Sécurité de la vieillesse (PSV) versée par le fédéral à partir de 65 ans décroît. Pour 2022, tout revenu additionnel dépassant 81 761 $ (revenus annuels nets) entraînera une réduction équivalente à 15 cents par dollar gagné. À partir de 133 141$, vous la perdrez en totalité, selon les calculs d’Hadi Ajab.
Quant au Supplément de revenu garanti (SRG) du gouvernement fédéral, chaque dollar gagné au-delà de 5 000 $ l’amputera de 25 à 75 cents. En date d’avril 2022, une personne célibataire qui n’a aucun revenu, aura un SRG de 968,86 $. Pour un revenu annuel de 10 000 $, le SRG est réduit à 402,79 $. À noter que le calcul du revenu qui sert à déterminer le SRG peut changer dans le temps.
En revanche, les revenus de travail supplémentaires n’auront pas de répercussions sur la rente du RRQ. En travaillant, vous continuerez d’ailleurs à cotiser à votre bas de laine provincial et à le garnir davantage pour l’avenir. Si vos revenus vous le permettent, vous pourriez même envisager de demander votre rente plus tardivement, ce qui la bonifiera du même coup. Par exemple, à supposer que vous soyez admissible au montant maximal de la rente du RRQ, vous toucheriez à 65 ans 1 253,59 $ par mois. En patientant jusqu’à 70 ans – l’âge limite auquel vous pouvez la demander –, elle passerait à 1 780,10 $, soit une augmentation d’environ 8,4 % par année. En prime, cette somme vous sera versée jusqu’à la fin de vos jours!
MISE À JOUR: Ce texte a été modifié le 18 mai 2022 pour préciser les règles entourant le Supplément de revenu garanti (SRG).