La semaine dernière, l’un de mes amis a reçu un appel à propos de transactions suspectes effectuées avec sa carte de carte de crédit. Selon l’afficheur de son cellulaire, l’appel émanait bel et bien de son institution financière, aussi ne s’est-il pas méfié. L’agent au téléphone lui a même fourni les premiers numéros de sa carte de crédit, ainsi que la liste exhaustive des dernières transactions effectuées avec celle-ci. Il a même semblé faire parvenir trois codes numériques par SMS à mon ami, pour s’assurer, disait-il, de son identité.
Au bout d’une quinzaine de minutes de conversation, l’agent lui a mentionné qu’il annulait sa carte de crédit pour éviter que les fraudeurs continuent à l’utiliser, et qu’une nouvelle carte allait lui être expédiée.
Mais, après avoir raccroché, quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il a reçu un appel de sa banque, authentique cette fois, lui apprenant qu’il venait d’être la cible d’un fraudeur très habile. Pendant leur discussion, ce dernier avait en effet réussi à effectuer des transactions de plusieurs milliers de dollars sur divers sites en ligne. Les codes reçus par SMS étaient, en fait, ceux expédiés par son institution financière pour vérifier qu’il était bel et bien à l’origine de ces achats. En les fournissant candidement au faux agent, mon ami est tombé dans le piège.
À lire aussi : Une fraude par texto difficile à identifier
Des fraudeurs toujours plus rusés
Cette mésaventure s’est soldée par le remplacement de sa carte de crédit et de débit, et par le changement de tous les codes d’accès à son compte bancaire. Sa banque a également placé un drapeau rouge dans son dossier et effectuera des vérifications systématiques lors de transactions qui semblent hors de l’ordinaire.
Jeff Horncastle, agent de sensibilisation à la clientèle au Centre antifraude du Canada, indique que cette sorte de fraude est de plus en plus répandue. Elle a déjà fait l’objet de 1 063 signalements et touché 391 victimes dans les trois premiers mois de 2023, pour un total de 3,2 millions de dollars détournés. En 2022, on parlait de 6,9 millions de dollars volés de la sorte.
Il s’agit de la fraude à l’enquêteur bancaire. Une personne se fait passer pour votre émetteur de carte de crédit ou votre institution financière. Elle affirme que des sommes non autorisées ont été débitées sur votre carte, et qu’elle doit vérifier certaines informations pour enquêter sur cette fraude et bloquer les transactions.
Attention, prévient Jeff Horncastle, car les fraudeurs ont facilement accès aux quatre premiers numéros des cartes de débit et de crédit puisque ceux-ci sont systématiquement les mêmes en fonction des banques.
De plus, sachez que c’est également un jeu d’enfant pour les fraudeurs d’usurper le numéro de téléphone et de faire apparaître celui de leur choix sur l’afficheur de votre appareil téléphonique. C’est une technique courante appelée « falsification des données de l’appelant ». D’ailleurs, le numéro du Centre antifraude du Canada a déjà été piraté l’an dernier ! Par conséquent, il ne faut absolument pas s’y fier, et si vous recevez un appel, raccrochez et composez vous-même le numéro indiqué sur le site de votre institution bancaire ou au dos de votre carte.
Petite variante : le fraudeur vous demandera de composer le code *72, suivi d’un autre numéro. Ce faisant, tous vos appels entrants seront renvoyés vers le fraudeur, incluant les appels légitimes provenant de votre institution financière qui cherche à vous signaler les transactions frauduleuses, indique Jeff Horncastle.
Les fraudeurs contactent habituellement leurs victimes tôt le matin, lorsque celles-ci ont encore l’esprit embrumé et sont moins alertes, mais il arrive que cela se produise aussi en fin de journée (16 h 40 dans le cas de mon ami).
À lire aussi : Fraudes en ligne : la vigilance s’impose !