Il m’arrive souvent de discuter avec des amis qui planifient la rénovation de leur cuisine et qui sont très excités à l’idée de se procurer une cuisinière au gaz. Chaque fois, j’ai un petit malaise et je me demande si je dois péter leur balloune ou pas…
C’est que je ne choisirais jamais une cuisinière au gaz et que je ne comprends pas l’engouement pour ces appareils. Bien sûr, je suis sensible aux images de magazines qui montrent de grandes cuisines baignées de soleil dans lesquelles trône une magnifique cuisinière au gaz, mais, au-delà du beau design, je suis convaincue que ce n’est pas la meilleure solution. Et je ne suis pas la seule.
Amélie Francœur, une lectrice qui rêvait depuis toujours d’une cuisinière au gaz, est revenue à une cuisinière électrique après quatre ans. «La flamme forte n’était pas assez forte et la flamme à mijoter était trop forte. J’ai dû faire venir un technicien plusieurs fois, car les buses faisaient des flammes toutes croches, hautes d’un bord et quasi absentes de l’autre; la cuisson n’était donc pas égale. C’étaient des coûts chaque fois. Et que dire du nettoyage: pour pouvoir bien nettoyer la surface, je devais enlever plus de 16 pièces!»
Bref, quand est venu le temps de changer ma cuisinière, j’ai opté sans hésiter pour une cuisinière à induction et je n’ai jamais regretté mon choix. Voici pourquoi.
L’environnement
Les émissions de GES causées par la cuisson des aliments sont globalement bien moindres que celles causées par d’autres secteurs, le transport par exemple. Toutefois, elles ne sont pas inexistantes. En effet, les cuisinières au gaz ont cette fâcheuse tendance à relâcher du méthane (un gaz à effet de serre beaucoup plus puissant que le CO2), même lorsqu’elles ne sont pas en fonction. Une étude a calculé que le méthane relâché annuellement par les cuisinières au gaz aux États-Unis aurait le même impact sur le climat que le dioxyde de carbone émis annuellement par 500 000 voitures!
Nous vivons à une époque où toutes nos habitudes doivent être réévaluées et où chaque diminution des émissions de gaz à effet de serre peut faire une différence. Le plus récent rapport du GIEC nous l’a encore rappelé dernièrement. Il me semble évident qu’utiliser une énergie issue principalement de l’hydroélectricité (comme pour les cuisinières à induction) plutôt que de combustibles fossiles (comme pour les cuisinières au gaz) cadre mieux avec mes valeurs.
La santé et sécurité
En plus du méthane, l’utilisation d’une cuisinière au gaz génère du dioxyde d’azote (NO2). Ce composé peut être incommodant, particulièrement pour les personnes atteintes de maladies cardiaques ou pulmonaires (dont l’asthme), les jeunes enfants et les personnes âgées. Des études ont montré que vivre dans une maison équipée d’une cuisinière au gaz augmente les risques d’asthme chez les enfants. D’autres recherches ont révélé que la concentration de dioxyde d’azote peut rapidement dépasser les normes, notamment dans des cuisines petites ou mal ventilées.
Personnellement, ce sont les risques de brûlures qui m’inquiètent le plus. Étant moi-même assez maladroite, j’apprécie que seuls mes chaudrons deviennent chauds lorsque je cuisine. J’avoue aussi que je serais pas mal moins partante de laisser mes enfants cuisiner seuls sur une cuisinière au gaz que sur ma cuisinière à induction.
La performance
Chez Protégez-Vous, nous testons de nouvelles cuisinières chaque année. Bien qu’on observe d’importantes différences d’un modèle à l’autre dans toutes les catégories d’appareils, il reste que les cuisinières électriques, particulièrement les cuisinières à induction, réussissent généralement mieux nos tests que les cuisinières au gaz.
D’abord, elles sont plus rapides pour chauffer les aliments. Dans nos essais, les cuisinières à induction mettent en moyenne moins de 8 minutes pour porter 3,56 litres d’eau à ébullition, alors que les modèles au gaz prennent plus de 15 minutes.
Aussi, les cuisinières au gaz sont particulièrement mauvaises pour chauffer à feu doux. Lors de notre plus récente mise à jour, aucun des 11 modèles au gaz testés n’a obtenu mieux que «moyen», et la majorité ont obtenu «mauvais» ou «très mauvais» à ce chapitre (alors que les cuisinières à vitrocéramique et à induction obtiennent en général «bon» ou «très bon»). Le problème vient du fait qu’ils n’arrivent pas à maintenir une basse température et que le mélange devient inévitablement trop chaud.
Les performances du four sont habituellement comparables entre les types de cuisinières, sauf pour la fonction gril (broil) pour laquelle les cuisinières au gaz performent assurément moins bien que les cuisinières électriques puisqu’elles ont tendance à griller de façon inégale.
Le nettoyage
Lorsque j’ai changé ma très antique cuisinière à serpentins pour ma cuisinière à induction, j’ai énormément apprécié de pouvoir nettoyer mes (trop nombreux) dégâts d’un simple coup de torchon. Avec les cuisinières au gaz, non seulement on trouve bien souvent un nombre élevé de coins et racoins où la nourriture peut se cacher, mais, comme les surfaces métalliques deviennent très chaudes, la nourriture renversée a tendance à y cuire, ce qui les rend encore plus difficiles à nettoyer.
Le prix
On trouve sur le marché des cuisinières de différents prix, tant pour les cuisinières au gaz que pour les cuisinières électriques. Présentement, notre seul meilleur choix au gaz se vend 2 100 $, alors que nos quatre meilleurs choix à induction se vendent entre 1 750 et 4 100 $. Il faut aussi prendre en compte des frais d’installation qui peuvent être importants si vous n’étiez pas déjà équipé d’une cuisinière au gaz (installation du raccordement par un plombier spécialisé, ajustement à la hotte de ventilation, etc.). Quant au coût d’utilisation, le prix du gaz naturel est beaucoup plus volatil que celui de l’électricité. Bref, avant de penser faire des économies avec une cuisinière au gaz, sortez la calculatrice.
Ce qu’en pensent les pros
Ici, les avis sont partagés. Pour Robert James Penny, alias Bob le Chef, qui a toujours cuisiné avec des cuisinières au gaz dans les restaurants, ça reste le type d’appareil qu’il préfère. «Quand tu es habitué de faire sauter les aliments en brassant les poêlons, c’est difficile d’utiliser une cuisinière à induction. Je me rappelle d’un plateau de télévision ou la plaque à induction n’arrêtait pas s’éteindre parce que je bougeais ma poêle pour brasser ma préparation, j’avais l’air un peu fou…»
Il est vrai que je n’ai pas ce petit coup de poignet professionnel et que j’ai plutôt tendance à prendre un ustensile pour mélanger mes préparations.
À l’inverse, Jean-Philippe Cyr (la cuisine de Jean-Philippe) est plutôt d’accord avec moi: «J’utilise une cuisinière à induction depuis des années, et c’est beaucoup plus performant que le gaz. L’eau bout en un temps record. En plus, ça se nettoie plus facilement, après un dégât par exemple, car la surface de cuisson n’est pas chaude. C’est plus sécuritaire si on fait de la friture sur la cuisinière. C’est aussi beaucoup plus précis.»
En conclusion, je vous le concède, il y a certains avantages à cuisiner au gaz, comme pouvoir faire griller des poivrons sur la flamme ou encore faire flamber des préparations d’un coup de poignet et se prendre pour un concurrent de l’émission Les Chefs! Malgré tout, pour moi, ce n’était vraiment pas la meilleure solution, et je vous invite à y réfléchir de votre côté pour choisir la cuisinière qui vous convient vraiment.
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