La cinquième édition du Défi 28 jours sans alcool de la Fondation Jean Lapointe, qui prend fin le 28 février, a fait couler beaucoup d’encre au début du mois. Dans la plupart des textes publiés sur le sujet, on s’intéressait surtout aux valeureux participants, et aux bénéfices pour leur santé, particulièrement celle de leur foie. Et on y voyait l’occasion pour eux de se questionner sur leur rapport à l’alcool. Car après tout, cesser de boire pendant 28 jours ne devrait pas être considéré comme un exploit, nous rappelait Hubert Sacy, directeur général de l’organisme Éduc’alcool.
On a un peu passé sous silence la raison d’être de ce défi: amasser des fonds pour permettre à la Fondation Jean Lapointe d’offrir des ateliers de sensibilisation aux risques de la consommation d’alcool et de drogues chez les jeunes du secondaire. Avec la légalisation du cannabis récréatif prévue en 2018, on s’inquiète beaucoup, et avec raison, des effets qu’auront cette loi sur nos jeunes. Surtout quand les médecins nous disent que la consommation de cannabis chez les moins de 25 ans peut nuire au développement de leur cerveau.
Mais peu semblent s’inquiéter outre mesure des habitudes de consommation d’alcool chez les jeunes. Pourtant, ceux-ci boivent bien avant d’avoir atteint l’âge légal de 18 ans. L’Enquête québécoise sur le tabac, l’alcool, la drogue et le jeu chez les élèves du secondaire (2013) publiée par l’Institut de la statistique du Québec nous révèle des faits préoccupants.
Moi qui croyais que les ados commençaient à boire vers 15 ou 16 ans, j’ai quand même été stupéfaite d’apprendre qu’en 2013, 23 % d’entre eux avaient bu de l’alcool avant l’âge de 13 ans. Et qu’un élève sur 5 (20 %) avait fait l’expérience de l’alcool mélangé avec une boisson énergisante au moins une fois dans l’année. Chez les élèves du 5e secondaire, ce pourcentage grimpait à 29 %. Le hic, c’est que les jeunes qui s’adonnent à cette pratique ont tendance à boire plus d’alcool car la boisson énergisante a pour effet d’atténuer la sensation d’état d’ébriété.
Est-ce que nos ados se saoulent souvent? Parmi ceux du 5e secondaire, 30 % ont pris une brosse au moins cinq fois en 12 mois. C’est-à-dire qu’à cinq reprises, ils ont bu plus de cinq consommations dans la même soirée. Si c’était mon ado, je serais préoccupée.
Bref, le travail de sensibilisation que fait la Fondation Jean Lapointe dans les écoles secondaires est primordial. Rappelons-nous que c’est la raison d’être du Défi 28 jours sans alcool.
À voir aussi, cette publication d'Éduc'Alcool, qui s'adresse aux jeunes de 15 à 17 ans: Ados et alcool : Plus tu retardes, mieux c’est.