Les hôpitaux anglais ne manquent pas d’imagination quand vient le temps de libérer des lits. Comme ici, des chambres sont souvent occupées par des patients qui ne nécessitent plus de soins médicaux, mais qui ne sont pas suffisamment autonomes pour rentrer à la maison.
La dernière lubie des Anglais? Envoyer ces malades en convalescence chez des particuliers. Un genre de séjour «chez l’habitant» pour ceux qui n’ont pas la chance d’avoir une famille ou un ami pour les aider à domicile.
Accueillez un malade
Un premier essai va se dérouler dans le comté d’Essex, à l’est de Londres, avec une trentaine de patients. Une entreprise privée a été mandatée pour trouver des chambres à louer moyennant 1000 livres par mois (environ 1700 $ CAN). Seules exigences: avoir une chambre libre avec un accès facile à une salle de bain privée et être prêt à faire chauffer trois repas par jour au micro-ondes, pour un maximum de deux semaines. Même pas besoin d’avoir de connaissances en santé ou d’expertise auprès de malades. Le suivi des patients se fera par des infirmiers et des aides-soignants par téléphone ou par internet.
Vous êtes rassurés? Prêts à participer?
Les membres de l’association qui soutient la vocation publique de l’hôpital où le projet sera testé ne le sont pas. Ce que je comprends sans peine. Comme eux, je m’interroge sur la surveillance de ces milieux privés, alors que les médias traitent régulièrement d’abus et de mauvais soins dans des résidences de soins accréditées, qu’ils soient publics ou privés. Qui veillera à la qualité des soins et des repas, aux respects des règles d’hygiène ? Et ça, c'est seulement si de telles règles sont établies…
Encadrement nécessaire
Il est vrai que les patients qui passent leur convalescence à la maison n’ont pas à la faire inspecter pour savoir si elle respecte des règles d’hygiène stricte. Et souvent ils reçoivent leur piqure ou font changer leur pansement par leur enfant ou leur conjoint, qui n’ont aucune expérience de soins, alors que l’infirmière s’occupe des rencontres de suivi. En ce sens, le projet britannique reproduit une situation qui a cours depuis des années.
Mais quand c’est l’hôpital public qui suggère un lieu de résidence temporaire, on s’attend certainement à un peu plus d’encadrement. Ne serait-ce que pour éviter les abus et écarter les hôtes qui accepteraient des patients dans un but exclusivement mercantile, sans trop s’en préoccuper.
Et que dit le ministre de la Santé britannique de cette initiative? Il refuse de rejeter l’idée d’office pour laisser place aux solutions innovantes… Le principe est louable, mais j’ai mes doutes.
Et quand on connait l’intérêt des fonctionnaires québécois de la santé pour les modèles britanniques – on n’a qu’à penser aux partenariats public-privé pour la construction de centres hospitaliers – j’ai peur que cette initiative les inspire…