Dans les efforts pour adopter un comportement plus écologique en matière de consommation, il y a d’abord l’idée de réduire à la source, c’est-à-dire de produire et d’acheter moins.
Le grand discours public met l’accent sur les produits jetables – emballages, sacs et bouteilles de plastique, contenants individuels, etc. C’est bien entendu quelque chose que j’applaudis.
Sauf qu’il ne faut pas non plus oublier que (presque) tout finit par être jeté un jour ou l’autre. Pensons seulement aux vêtements et à l’industrie du «fast fashion», une plaie qui cache derrière ses leggings à 5 $ d’énormes enjeux sociaux et écologiques.
C’est aussi le cas de toutes ces babioles censées nous faciliter la vie ou nous divertir, utilisées quelques années, entreposées, et dont nous finissons par nous départir même si elles fonctionnent encore: cet épilateur miracle pas si miracle, l’extracteur à jus utilisé quelques fois, l’exerciseur qui prend la poussière…
C’est exactement ce qu’illustre Étude sur la mise en marché et la gestion en fin de vie des petits appareils ménagers effectuée pour le compte de RECYC-QUÉBEC et publiée en décembre 2020 sur leur site Internet.
11 millions de PAM
Les petits appareils ménagers (PAM), ce sont les produits fonctionnant avec une source d’énergie (batterie, électricité, etc.) et utilisés dans un cadre domestique, que ce soit pour le bâtiment, l’entretien de la maison, les loisirs ou les soins personnels. En fait, 35 % des PAM sont destinés à la cuisine, soit les mélangeurs, grille-pains, mijoteuses, émulseurs à lait et autres machines qui bouffent de l’espace dans les armoires.
Rien pour améliorer leur bilan écologique: la plupart de ces produits sont importés. Ce sont aussi des objets composés de diverses matières – métaux ferreux, verre, papier, plastique, etc. – qui ne sont pas toujours récupérables et dont la fabrication a évidemment engendré de la pollution.
Et il y a fort à parier que beaucoup d’entre eux, en plus d’avoir été assemblés par des travailleurs sous-payés, sont offerts par les grandes bannières telles que Walmart ou en ligne sur Amazon. Bref, on est loin du Panier Bleu.
Cette étude estime que plus de 11 millions de PAM (ou 58 000 tonnes) ont été mis en marché au Québec en 2019. «51 % des appareils sont utilisés dans les cinq premières années suivant leur achat avant que les ménages ne s’en départissent», relève aussi le rapport. Par ailleurs, lorsque nous délaissons nos PAM parce que nous les utilisons peu ou que nous les remplaçons par un autre produit, environ le quart de ceux-ci fonctionnent encore bien, voire la moitié en ajoutant ceux qui fonctionnent «moins bien».
Personnellement, j’y vois déjà là de quoi réfléchir à notre (sur)consommation. Mais que se passe-t-il ensuite?
Pas si récupéré que ça
Quant aux différents moyens pour se débarrasser de cette multitude de PAM, triste est de constater que les ordures remportent toujours la médaille d’or, dévoile l’étude.
Légende : Moyens utilisés par les ménages pour se départir d’un PAM en fin d’usage, selon un sondage auprès des consommateurs. Capture d’écran tirée de l’Étude sur la mise en marché et la gestion en fin de vie des petits appareils ménagers effectuée pour le compte de RECYC-QUÉBEC.
Toutefois, en cumulant le recyclage, les collectes spéciales et les écocentres, nous pouvons observer qu’une bonne partie de ces produits se voit destinée à la récupération. Le hic: l’étude estime qu’au final, à peine l’équivalent de 8 % des PAM serait récupéré.
Pourquoi? D’abord, un appareil de ce genre, ça ne va pas dans la collecte de recyclage, alors que, même à l’écocentre, certains types de matériaux finissent aux ordures faute de ressources et d’infrastructures.
Mais attention, ça ne veut pas dire que ça ne sert à rien d’envoyer ce dont nous nous débarrassons dans les écocentres, au contraire! Plus de PAM y sont envoyés, plus il y en aura qui finiront quand même par être récupérés. Visitez l’outil Ça va où? de RECYC-QUÉBEC pour connaître les points de collectes appropriés près de chez vous.
N’empêche, il y a aussi d’autres possibilités.
Par exemple, faire réparer l’appareil. Même si ce n’est malheureusement pas toujours simple auprès des fabricants et détaillants, il n’en demeure pas moins que très peu de PAM sont apportés chez un réparateur avant d’être remplacés. Il paraît souhaitable d’au moins tenter la chose et d’obtenir une estimation. À vous de voir ce qui s’ensuivra.
Kijiji et le Village des Valeurs, c’est pour tout le monde
Heureusement, l’étude indique aussi qu’environ 40 % des PAM dont les Québécois se départissent passent par le réemploi (dons, vente sur le marché d’occasion, etc.).
Pourtant, en parallèle, elle fait aussi ressortir un certain déséquilibre puisque 94 % des PAM sont achetés neufs, directement en magasin ou en ligne (sites internet de détaillants, Amazon, etc.).
Les plateformes de vente et d’échange, comme Kijiji, Marketplace (Facebook) ou LesPAC, ne possède qu’un maigre 3 % des parts des achats. Les magasins et centres dédiés au réemploi (Village des Valeurs, Renaissance, Armée du Salut, etc.), pour leur part : à peine 1 %. Il y a tellement de marchandises en quête d’une seconde vie qu’il faut s’enlever de l’esprit que ces plateformes et, surtout, ces endroits sont réservés à ceux sans le sou!
Récemment en visitant une succursale de l’Armée du Salut (avant le second confinement), j’ai été charmée par le nombre d’articles de cuisine en bonne condition. J’ai aussi été un peu agacée de voir l’imprimante que je venais d’acheter neuve quelques mois plus tôt à un prix dérisoire. Je ne me ferai pas reprendre!
Malgré tout, ce jour-là, je n’ai rien acheté. Je n’avais besoin de rien.
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Amélie Cléroux est une passionnée de plein air qui rêve d’aventures ici et ailleurs. Quand elle n’est pas dans un sentier appareil photo au cou, elle rédige des articles, crée des histoires ou édite différents textes. Sa curiosité et son amour de l’écriture l’ont menée au métier de journaliste. Elle travaille à la pige depuis plus de 5 ans.