Il avait pris sa retraite de l’Office de la protection du consommateur (OPC) en 2015, au terme de 35 ans de service. Et même après avoir tiré sa révérence, il continuait, via Facebook, à alerter son réseau sur tout ce qui touchait l’univers de la consommation: fermeture d’un gym, rappels de produits dangereux, frais de transaction illégaux...
Inlassable justicier, Réal Coallier nous a quitté le 10 avril 2020, laissant derrière lui une marque indélébile; celle d’un homme épris de justice et qui plaçait l’intérêt des autres à l’avant plan, en particulier celui de monsieur et madame Tout-le-Monde aux prises avec un commerçant malhonnête, un ti-Joe connaissant, un vendeur de rêves et autres colporteurs de demi-vérités.
«C’était dans ses gènes»
C’est lui notamment, dans les années 90, qui avait fait éclater le scandale des odomètres trafiqués en portant l’affaire à l’attention des corps policiers et en mettant en relation les personnes concernées, se rappelle Me Marc Migneault, avocat à l’OPC, qui était alors conseiller juridique à l’Association pour la protection des automobilistes (APA).
Tour à tour directeur du bureau de l’OPC de Longueuil, de Saint-Jérôme et de Montréal, Réal Coallier est resté lui-même jusqu’à la fin: «Un déjoueur de menteries et un aideur de mal pris», illustre Me Migneault en paraphrasant l’auteur-compositeur-interprète québécois, Daniel Boucher.
«Conseiller tout le monde autour de lui, relayer l’information au bénéfice de tous, c’était dans ses gènes, il avait ça dans le sang. Il n’a jamais été capable d’arrêter d’ailleurs», note Jacques Elliott, directeur des Éditions Protégez-Vous de 1981 à 2001.
L’ami des médias
Sa marque, Réal Coallier l’a laissée non seulement à l’OPC, mais également sur la scène publique où sa voix riche et caverneuse résonnait sur diverses tribunes, autant à la radio qu’à la télé. C’était un facilitateur, répondant toujours présent pour aider les plus vulnérables à contourner les pièges tendus devant eux.
En ondes, à ceux qui étaient aux prises avec un commerçant récalcitrant, il expliquait leurs droits avec un franc-parler qu’on rencontre rarement dans la fonction publique. La langue de bois, très peu pour lui. Du bonbon pour les journalistes, animateurs et chroniqueurs de la province, qui s’en étaient fait un allié inestimable.
Un de ses collègues confirme sa puissante détermination à informer les consommateurs, doublée d’une habileté impressionnante à tisser des liens étroits avec les représentants des médias afin que le message soit bien compris par la population. Chez lui, le bien commun était une valeur forte.
Au point de le rendre téméraire dans l’exercice de ses fonctions, souligne pour sa part Charles Tanguay, qui a œuvré longtemps à l’Association des consommateurs pour la qualité dans la construction (ACQC) et à l’Union des consommateurs du Québec. «Il entretenait des contacts étroits et amicaux avec plusieurs personnes qui travaillaient en défense des consommateurs. Ces collaborations discrètes donnaient parfois des résultats plus rapides et plus percutants que la voie traditionnelle», explique-t-il.
En mon nom personnel et en celui de l’équipe de Protégez-Vous, passée et présente, merci pour tout, Réal Coallier. J’offre mes plus sincères condoléances à sa famille.
Lise Bergeron, rédactrice en chef de Protégez-Vous de 1990 à 2010