Il y a quelques années déjà, j’ai entrepris mes grandes aventures de globe-trotteuse. Je suis partie étudier à Barcelone, une ville qui a volé mon cœur. Depuis, j’ai voyagé un peu partout. Le monde est grand, mais il est aussi très petit.
À travers mes voyages, j’ai vécu de beaux moments, mais aussi quelques mésaventures. J’ai tiré des leçons qui me suivront toute la vie. À mon âge, début vingtaine, on est encore naïf. On sait que le mal existe, mais on évite d’y penser. On se dit qu’il est loin de nous, surtout loin de cet endroit si beau et si magique que l’on visite.
À Barcelone, je me suis toujours sentie en sécurité. Je connais bien l’endroit, je parle l’espagnol et je comprends un peu le catalan. Me perdre dans cette grande ville, où j’ai vécu quelque temps dans le cadre d’un échange linguistique, était mon passe-temps préféré.
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Churros, selfie sticks et café
Un jour, j’ai voulu manger des churros. J’en mourais d’envie. Une amie catalane m’a conseillé d’aller au parc de Montjuïc où se trouvait un petit café qui en servait d’excellents. Son père a eu la gentillesse de m’y déposer en voiture, car il s’agissait d’une partie de la ville que je connaissais peu.
Le parc était magnifique. J’ai passé la journée à me promener et à prendre des photos aux alentours du château. Un vendeur de selfie sticks, qui me suivait de loin depuis le début de ma visite, s’est approché. Je me dirigeais vers la sortie du parc, tout en lui faisant signe que je n’avais pas le temps de discuter, qu’on m’attendait. En réalité, la seule chose qui m’attendait était ces délicieux churros.
Cet homme insistait en marchant à mes côtés, vers le bas de la colline. Il me posait un tas de questions. Je me suis alors inventé une fausse identité. J’étais devenue Natasha et j’étais originaire de Paris. Le vendeur répétait mon prénom fictif pour voir si j’allais réagir. Puis, il m’a regardé dans les yeux et m’a demandé si j’avais peur.
Il m’a proposé de le suivre jusqu’au café vers lequel je me dirigeais. Soudain, j’étais entourée d’autres vendeurs ambulants à qui l’homme faisait des signes. Cette scène, digne d’un film, était ma réalité. J’allais devoir attendre encore un peu avant de déguster ces délicieux churros.
Lorsque je pensais enfin l’avoir fait partir, j’ai vu l’homme au loin me dévisager et marcher parallèlement à moi. Tout autour, il n’y avait aucun autre touriste de qui j’aurais pu m’approcher en prétendant le connaître. Les rues étaient vides. Mon cœur battait rapidement. Mon cellulaire à la main, je lui montrais que je pouvais appeler au secours à tout moment. Mais c’était faux.
Se perdre dans les rues de Barcelone
En voyage, mon cellulaire ne fonctionnait pas. J’étais complètement vulnérable. Je me suis perdue en essayant de le fuir. Et pour la première fois à Barcelone, je n’éprouvais aucun plaisir à me perdre. J’ai mis plus de deux heures pour retrouver mon chemin. Ce jour-là, j’aurais bien voulu pouvoir appeler pour qu’on vienne me chercher.
Cet homme voyait bien que j’étais une touriste, et il en a profité. Une jeune fille seule dans une ville qui n’est pas la sienne fait une bien belle proie. Elle attire les regards, ainsi que les gens aux mauvaises intentions.
Je ne suis pas une adepte des cellulaires parce que cet objet prend une trop grande place dans nos vies. Je prétends souvent ne pas en avoir besoin. En revanche, en voyage, je vous dirais maintenant le contraire.
Depuis cette mésaventure, je n’ai jamais sous-estimé les bienfaits de posséder un téléphone. En avoir un qui fonctionne, c’est détenir un outil qui nous permet d’avoir l’esprit en paix… et peut-être même un corps en sécurité.
Alexia Hammal