Les temps sont durs pour bien des Québécois. Pour pallier une baisse de revenus, plusieurs ont reporté des paiements ou utilisé leurs cartes de crédit. Certains craignent de devoir décaisser une partie de leurs REER.
D’autres personnes sont un peu moins inquiètes. Pourquoi? Parce qu’elles ont eu la chance de conserver leur emploi, bien sûr, mais aussi parce qu’elles disposent d’une marge de crédit ou, mieux encore, d’une marge de crédit hypothécaire.
Je fais partie de la seconde catégorie. Mon institution m’a proposé une marge hypothécaire lorsque j’ai renouvelé mon prêt, il y a deux ans. J’avoue que sur le coup, je me suis montrée réticente. Toutefois, après y avoir réfléchi et avoir demandé conseil à quelques experts, j’ai accepté.
Ce prêt hypothécaire sur valeur domiciliaire me donne accès à un montant qui augmente au fur et à mesure que je rembourse mon hypothèque, jusqu’à un certain plafond. J’évite de l’utiliser, mais son existence me rassure.
Un petit coussin pour les mauvais jours
La plupart des grandes banques offrent des marges hypothécaires et des marges de crédit personnelles.
Elles imposent diverses conditions pour l’octroi de ces produits, mais la base est toujours:
• un dossier de crédit sans tache;
• un revenu suffisant et stable;
• un faible ratio d’endettement (sous la barre des 40 %, idéalement 35 % ou moins).
Il va sans dire que vous devriez prévoir ce petit coussin lorsque vous êtes en bonne posture. L’idéal est de mettre de côté un fonds d’urgence, mais si vous n’en avez pas, une marge pourrait vous aider.
Plusieurs avantages
Le planificateur financier et fiscaliste Jean-Philippe Vézina, de l’équipe de Jean-Maurice Vézina, indique que l’un des plus grands avantages des marges est leur flexibilité. Elles donnent accès à un montant d’argent que le consommateur utilise au besoin et qu’il peut même réemprunter après l’avoir remboursé.
Le taux d’intérêt des marges hypothécaires se situait, à l’automne 2020, aux alentours de 3 %. « Il est moins élevé que ceux des cartes de crédit, qui vont jusqu’à 20 ou même 30 %, et des marges personnelles, qui sont d’environ 9 %. Et le paiement minimal mensuel correspond généralement aux intérêts ou à un pourcentage prédéterminé du solde», explique M. Vézina.
Par ailleurs, certaines personnes utilisent leur marge de façon stratégique. «Si vous empruntez pour cotiser à votre REER et remboursez votre marge avec le remboursement d’impôt, vous faites d’une pierre deux coups», détaille le planificateur financier. Cette idée n’est toutefois pas sans risque; avant de vous lancer, consultez un professionnel.
Prudence avec votre marge
Les marges sont des instruments de crédit à manipuler avec précaution. Il est tentant d’abuser de cet argent facile d’accès et à bas taux d’intérêt.
Et puisque seul un petit montant est exigible chaque mois, vous pourriez laisser traîner cette dette si vous n’êtes pas très rigoureux dans les remboursements. De plus, il faut savoir que les intérêts courent dès le premier jour de l’emprunt, contrairement aux cartes de crédit qui accordent un délai de grâce de 21 jours.
Pour éviter les dérapages, Jean-Philippe Vézina recommande aux personnes qui manquent de discipline financière de favoriser le prêt personnel. «Il est un peu plus coûteux en intérêts [ils varient beaucoup, compter au moins 10 % pour un taux fixe], mais payable selon un échéancier précis et on ne peut dépenser à nouveau l’argent remboursé, comme c’est le cas avec une marge», conclut-il.
>> À lire aussi: Quelques astuces pour payer vos dettes
Emmanuelle Gril est journaliste pigiste et écrit pour des publications variées. Son esprit curieux lui a permis d’explorer de nombreux sujets, mais les finances personnelles font partie de ses principaux champs d’intérêt depuis quelques années. Budget, gestion de l’endettement, planification de retraite n’ont plus de secrets pour elle! À l’aide d’experts chevronnés, elle vous livre des conseils pratiques qui vous aideront à prendre les bonnes décisions financières dans votre vie quotidienne.