Mon entourage me voit comme celle qui n’a jamais peur de rien. En vérité, je suis la plus grande des peureuses. Ce que je crains plus que tout ? Ne pas être capable d’affronter ce qui m’effraie.
À l’âge de 10 ans, mes parents m’ont proposé de passer l’été en Californie. J’étais tellement excitée à l’idée de voir le signe d’Hollywood ! Puis, ils m’ont expliqué qu’ils ne viendraient pas avec moi. Leur plan ? Que j’aille à Los Angeles chez la cousine de ma mère. Mes grands-parents partiraient de la France pour me rejoindre là-bas et ils me ramèneraient avec eux, à Montréal.
C’était vraiment un plan de rêve, sauf que… je n’avais que 10 ans, j’avais peur, j’étais très gênée de parler l’anglais, je n’avais vu la cousine de ma mère qu’une seule fois et je ne connaissais pas mes cousins. Mais, aventurière dans l’âme, j’ai accepté.
Avant mon grand départ, ma mère m’a donné un cours 101 de « comment survivre seule aux États-Unis en cas d’urgence ». Elle m’a dressé la liste de tous les numéros de téléphone importants, avec leur indicatif régional. Elle m’a même appris comment appeler à frais virés à partir d’un téléphone public.
Comme j’étais mineure, une agente de bord m’a accompagnée de mon arrivée à l’aéroport jusqu’à destination. Ce service, qu’offrent la plupart des compagnies aériennes pour les jeunes voyageant seuls, m’a fait vivre une belle expérience. Entre autres, j’ai traversé l’aéroport en voiturette. Et les files d’attente ? Pas pour moi. J’ai eu droit à plein de « T’es trop cute ! C’est quoi ton nom ? Tu vas où ? » de la part des employés de l’aéroport.
Et dans l’avion, on m’a offert le meilleur siège, juste à côté du hublot. Il y avait aussi au-dessus de moi ce bouton magique grâce auquel je pouvais appeler l’agente de bord. À un moment, j’appuyais parce que j’avais soif ou faim, à un autre moment parce que je voulais de quoi dessiner. Je l’utilisais même pour faire des farces. Six heures d’avion, ça passe vite quand tu t’amuses !
Une fois à destination, ma valise à la main, voilà que je devais franchir ces portes légèrement opaques pour rejoindre la cousine de ma mère. Et si je ne la trouvais pas ? Et si mes cousins ne m’aimaient pas ? Et si quelqu’un me kidnappait avant même que je puisse mettre les pieds sur le Hollywood Walk of Fame ? Je me suis rassurée en me disant qu’une belle aventure m’attendait. J’ai rapidement repéré la cousine de ma mère. Puis, mon accompagnatrice a vérifié son identité avant de me laisser partir.
Assise à l’arrière de la voiture, je voyais les palmiers défiler. Tant d’idées me traversaient l’esprit, moi qui ai toujours été si portée à la réflexion. C’est à ce moment-là qu’une flamme s’est allumée, que mon amour du voyage et de l’aventure est né.
Rire avec mes cousins, partager avec eux des secrets, danser dans les rues, faire des châteaux de sable, jouer, découvrir toute la Californie, et même Las Vegas… Je me suis tellement amusée pendant ce voyage, à des kilomètres de mes parents.
Le jour où je suis montée à bord de l’avion, j’ai affronté ma peur de l’inconnu. Et mes parents ont fait preuve de beaucoup de courage en me confiant aux agents de bord. Aujourd’hui, je peux dire que c’est grâce à eux si je suis perçue comme une aventurière, car ils m’ont encouragée à le devenir.
Alexia Hammal