Avez-vous remarqué que les tablettes de certains commerçants semblaient plus vides qu’à l’habitude? Si c’est le cas, je vous rassure, vous n’avez pas la berlue. C’est principalement en raison d’une grève générale illimitée qui s’est déroulée du 10 au 21 août au Port de Montréal, et qui a immobilisé plusieurs dizaines de milliers de conteneurs.
Au cœur du litige entre les débardeurs – ceux qui déchargent les conteneurs des navires – et l’Association des employeurs maritimes se trouve les horaires de travail. Les deux parties se sont toutefois entendues sur une trêve de sept mois pour négocier une nouvelle convention collective, échue depuis 2018.
Je suis tout à fait en faveur de l’utilisation des moyens de pression par les travailleurs pour obtenir de meilleures conditions de travail, c’est leur droit. Reste que les conséquences, bien que temporaires, en affectent plusieurs, dont vous, chers consommateurs, et les commerçants.
Les commerçants en bavent
Les résultats d’un sondage de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) auprès de ses membres indiquent que les industries du commerce de détail et de gros représentent les deux tiers des secteurs les plus touchés par la grève. Près de quatre PME sur dix estiment que les moyens de pression affectent leurs affaires.
L’arrêt des travaux au Port de Montréal en a forcé certains dont les commandes étaient en route à les dérouter vers d’autres ports, comme celui d’Halifax, selon Jean-François Belleau, directeur des relations gouvernementales pour le Québec au Conseil canadien du commerce de détail (CCCD). Résultat: ils ont fait face à d’importants délais de livraison et à des coûts supplémentaires pour faire passer leur marchandise par un autre chemin.
Heureusement, Jean-François Belleau n’anticipe pas, « a priori », que cela se traduise par des hausses de prix, malgré une hausse des coûts de livraison.
Au terme des deux semaines de grève générale illimitée, le syndicat représentant les débardeurs estime que deux à quatre semaines sont nécessaires pour que le Port puisse reprendre le dessus sur le retard accumulé.
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Une année à oublier
La grève au Port de Montréal s’ajoute à la liste des embûches auxquelles les commerçants ont dû faire face en 2020: menace de grève du CN, blocus ferroviaire, sans oublier la pandémie de COVID-19, dont les ravages économiques menacent la survie de 18 000 PME québécoises selon la FCEI.
On ne leur en voudra donc pas d’avoir hâte de tourner la dernière page du calendrier de cette année à oublier.
Protégez-Vous aussi affecté
La réputation de Protégez-Vous repose, bien sûr, sur ses reportages rigoureux, mais aussi sur ses tests menés en toute indépendance d’influence commerciale. Mais ça, vous le savez déjà. Ce que vous ne savez peut-être pas, c’est que nous achetons ou louons les appareils que nous testons, afin qu’aucune apparence de conflit d’intérêts ne teinte nos résultats.
Ainsi, pour notre test des cafetières espresso à paraître dans l’édition de janvier, nous avons, tout comme vous, fait face à des ruptures de stock pour quelques modèles dont nous avons besoin. Selon Anaïs Bernard, coordonnatrice des études de marché à Protégez-Vous, c’est un effet direct de la grève des débardeurs au Port de Montréal.
Il peut vous sembler étrange que je vous parle, en septembre, d’un test que nous publierons en janvier 2021. C’est que le processus pour évaluer scrupuleusement toutes les nouvelles cafetières (une dizaine!) s’échelonne sur plusieurs semaines.
Pour tester la qualité des appareils, nous faisons notamment appel à des experts – dans ce cas-ci des baristas – qui nous diront s’ils remplissent leur mission première: faire de bons cafés. Ce panel s’ajoute au protocole qui vise à juger l’ergonomie, le niveau de bruit et la facilité à nettoyer les différentes composantes, entre autres. Pour ce test, nous évaluons aussi la réparabilité de ces appareils, comme nous l’avions fait pour les barbecues en juin dernier.