Les montagnes américaines, notamment les Adirondacks, me manquent pour faire des randonnées un peu plus exigeantes que celles qui m’entourent au Québec, à moins de trois heures de route. Disons que les Chic-Chocs un samedi matin, ce n’est pas possible pour tout le monde !
Pour d’autres personnes, c’est peut-être s’offrir un weekend tranquille à Burlington, aller voir des amis dans le Maine ou entretenir son bateau tristement laissé à lui-même dans une marina riveraine du lac Champlain depuis déjà deux étés…
Bref, les raisons pour un court séjour chez nos voisins du Sud sont nombreuses cet automne et pour l’hiver qui est à nos portes.
L’ouverture des frontières terrestres américaines le 8 novembre prochain vous a peut-être fait applaudir. Dans mon cas, la reconnaissance aux États-Unis de deux doses de vaccins différents (tels que Pfizer et Moderna) y a aussi contribué. Et pour couronner le tout : le gouvernement du Canada a tout récemment levé son avertissement d’éviter tout voyage non essentiel pour les gens entièrement vaccinés (sauf pour les croisières à l’extérieur du pays).
Cela dit, est-ce qu’un court séjour, avec les mesures sanitaires en vigueur, est réaliste ?
Vaccination et test de dépistage
D’abord, pour entrer aux États-Unis pour un voyage non essentiel, les voyageurs admissibles aux vaccins devront être pleinement vaccinés et présenter une preuve de vaccination. Utilisez alors la nouvelle preuve dédiée aux voyages à l’étranger disponible sur le site du gouvernement du Québec.
Au moment d’écrire ces lignes, il n’est toutefois pas encore clair s’il faudra aussi présenter un résultat négatif à un test de COVID-19, comme c’est exigé pour les voyageurs de 2 ans et plus qui arrivent par avion. Des détails restent à venir. Une chose est sûre, c’est que cette preuve est demandée pour revenir au Canada.
En effet, quelles que soient la destination et la durée du séjour, les visiteurs de 5 ans et plus doivent présenter au retour le résultat d’un test de dépistage. Un test moléculaire – type PCR, TAN ou TAAN notamment, par écouvillon nasal ou par un échantillon de salive – doit être effectué dans les 72 heures précédant l’arrivée au pays. Les tests de détection rapide des antigènes ne sont pas acceptés. Notez que le résultat d’un test prouvant que vous avez eu la COVID-19, de 14 à 180 jours avant votre départ, peut aussi faire l’affaire.
Par ailleurs, il faut aussi préparer toutes les preuves requises dans l’application ArriveCan (IOS et Android).
Se faire tester avant son départ
La « bonne nouvelle » – bien que la logique soit plutôt questionnable –, c’est que le test de dépistage exigé pour les voyages de 72 heures et moins peut avoir été effectué avant son départ du Canada.
Le hic ? C’est que les cliniques publiques ne sont pas là pour accommoder les voyageurs. « Nos cliniques de dépistage ne fournissent pas de tests COVID-19 pour les personnes qui ont besoin d’attestations pour voyager. Les résultats transmis ne font d’ailleurs pas mention de la technique utilisée (PCR ou non) », peut-on par exemple lire sur le site du Portail Santé Montérégie.
Vous devez donc vous tourner vers les laboratoires privés aux tarifs qui oscillent le plus souvent entre 160 et 300 $ par test, selon l’endroit, le type de test et la rapidité à obtenir les résultats.
Pour un aller-retour de 24 à 48 heures, disons que ça alourdit le budget, surtout si on multiplie par le nombre de membres du clan…
Et l’organisation n’est pas négligeable : il faut prendre un rendez-vous pour un test rapide avec résultat en 24 heures ou moins, question d’avoir le résultat avant son départ (du moins idéalement pour savoir à quoi s’attendre) et de revenir avant 72 heures. Je vous laisse calculer… Disons que la marge de manœuvre est limitée !
Advenant le cas où un test négatif serait exigé pour entrer aux États-Unis par voie terrestre, cette étape sera obligatoire, mais aura au moins l’avantage de faire d’une pierre deux coups dans le cas d’un court séjour.
Se faire tester aux États-Unis
Si un test n’est pas exigé pour entrer aux États-Unis, une autre option vaut le coup d’œil. Comme pour un voyage de plus longue durée, vous pouvez vous faire tester aux États-Unis, en trouvant un endroit qui effectue des tests rapides pour un prix généralement similaire à celui d’ici.
Or, il y aurait même moyen de se faire tester gratuitement. C’est du moins ce qu’affirme Flytrippers sur son site internet. Selon le site, qui se spécialise en astuces de voyage et recherche de vols à bas prix, certaines chaînes de pharmacies, comme Walgreens, proposent un service gratuit de tests de dépistage de la COVID-19, dans la plupart des États. Et les Canadiens peuvent en profiter.
J’ai voulu me pencher sur l’enjeu éthique de la chose – à savoir si les voyageurs sont réellement les bienvenus – et sur la faisabilité technique de tout ça directement auprès de la chaîne américaine en question, mais celle-ci n’a pas répondu à mes interrogations transmises par courriel à l’adresse réservée pour les requêtes des médias. Vous aurez peut-être plus de chance que moi.
Si une option de ce genre vous intéresse, assurez-vous cependant que :
1. C’est faisable (vous devrez d’ailleurs probablement prendre un rendez-vous en ligne à l’avance, comme c’est le cas chez Walgreens) ;
2. C’est bien un test moléculaire accepté au Canada ;
3. Vous recevrez une preuve dans les normes ;
4. Les délais promis des résultats concordent avec vos besoins ;
5. C’est réellement gratuit (ou renseignez-vous sur les frais).
Gratuit ou pas, tout cela demandera aussi de l’organisation pour prévoir le moment du rendez-vous et lui trouver une place dans l’itinéraire et l’horaire de votre court séjour. Il faudra aussi une certaine tolérance au risque. Et si un pépin survient et qu’on ne peut pas vous tester, ou que les délais pour les résultats sont plus longs que prévu ? Il faudra faire preuve d’adaptation, ça, c’est sûr !
Avoir sa propre trousse de dépistage
Croyez-le ou non, vous pouvez aussi commander avant votre départ une trousse de dépistage portative que vous traînerez avec vous. Elle fonctionne par autoprélèvement, sans que l’analyse d’un laboratoire soit nécessaire. Vous n’aurez donc qu’à l’utiliser au moment propice, par exemple la veille, voire quelques heures avant votre retour au pays. Selon son distributeur, Switch Health, vous obtiendrez les résultats et un rapport électronique en moins de 45 minutes.
Ce Kit de test RT-LAMP COVID-19 « est approuvé par Santé Canada en vertu d’une ordonnance provisoire », indique Switch Health, qui spécifie qu’il répond aux exigences en matière de tests de dépistage pour entrer au pays.
Important : vous aurez besoin d’un téléphone intelligent muni d’un appareil photo et d’une connexion internet sur place pour l’utiliser. Notez aussi que Switch Health n’a pas pu m’indiquer s’il était possible de se servir de cette trousse spécifique pour entrer aux États-Unis, disant simplement qu’ils ne pouvaient pas se prononcer sur d’autres pays que le Canada.
Grâce à un partenariat avec Air Canada, les personnes qui sont membres Aéroplan payeront 150 $ pour cette trousse. Le prix est de 200 $ pour les autres.
Bref, si l’argent n’est pas un problème pour vous, cette méthode est intéressante pour la flexibilité qu’elle offre une fois sur place. Personnellement, je vois surtout son avantage dans le cas d’un plus long voyage.
Pas facile pour les familles
Des détails restent aussi à valider pour l’entrée aux États-Unis par voie terrestre des enfants en fonction de leur statut vaccinal. Mais imaginons en principe que les jeunes de 12 ans et plus sont vaccinés, question d’éviter une quarantaine à leur retour au Canada, notamment. Qu’en est-il pour les autres ?
Les enfants de 5 ans ou plus qui ne sont pas vaccinés devront, en plus du test préalable de 72 heures, effectuer un test de dépistage à leur arrivée et un autre huit jours plus tard. Par ailleurs, tous les enfants de moins de 12 ans non vaccinés, sans être en quarantaine, devront limiter leur contact pendant 14 jours. Autrement dit : pas de garderie ou d’école.
Est-ce que des parents d’enfants de ces âges auront envie de se lancer là-dedans pour une seule fin de semaine ? Permettez-moi d’en douter.
Pour les autres, cela dépendra donc surtout de votre capacité financière ou de votre organisation.
Verdict…
Je ne sais pas pour vous, mais mon enthousiasme s’est calmé le pompon bien assez vite. Même sans enfants, je ne suis pas sûre d’avoir envie de m’imposer cette organisation (pour ne pas dire ce stress-là) ni de dilapider autant d’argent pour une si courte escapade, aussi tentante soit-elle.
En attendant un assouplissement pour les voyages de 72 heures ou moins, je pense que les Adirondacks attendront...
Et vous ?
Avant d’organiser tout voyage, tenez-vous bien au courant des mesures les plus à jour :
Pour tous les détails sur les conditions nécessaires pour un retour au pays, consultez le site du gouvernement du Canada.
Pour connaître les informations pour l’entrée aux États-Unis, informez-vous auprès du Centers for Disease Control and Prevention (CDC).
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