Bien souvent, je lève les yeux au ciel en parcourant les annonces sur les Kijiji et Marketplace de ce monde. En d’autres mots : je trouve que les gens demandent trop cher.
Bien sûr, je généralise. Il m’est arrivé de faire de très bonnes affaires. Par ailleurs, j’encourage vivement l’économie de seconde main, soit la circulation de biens d’occasion, notamment pour des raisons écologiques. N’empêche, comme je consomme peu en général, usagé ou pas, je n’achète pas n’importe quoi à n’importe quel prix.
Par exemple, depuis un moment, je magasine pour un appareil photo de qualité, disons semi-professionnelle. Un gros achat pour moi, que je compte chérir longtemps. Sauf qu’un achat d’occasion, ce n’est pas comme un rabais au magasin. Après tout, il s’agit de petites bêtes plutôt fragiles et j’ignore le réel usage qui en a été fait et dans quelles conditions. Bref, le compromis doit être tentant! En cherchant un véhicule, j’ai aussi trouvé que certaines offres frisaient le ridicule, tandis que je dois chercher longtemps pour trouver des meubles que je compte revamper à bon prix.
Mais peut-être est-ce moi qui suis cheap?
« Le produit à vendre vaut toujours plus cher pour la personne qui le vend que pour celle qui l’achète », convient Caroline Boivin, professeure à l’École de gestion de l’Université de Sherbrooke et cofondatrice de l’Observatoire de la consommation responsable (OCR). Si son possesseur y accorde parfois une valeur émotive ou symbolique, les considérations du futur acquéreur sont plus techniques.
Virginie Landry, une habituée de Kijiji, achète à ses heures, mais elle est avant tout une vendeuse chevronnée : vêtements, articles pour bébé et divers autres biens. N’empêche, « les prix demandés sont souvent trop chers », pense la jeune maman.
D’après elle, l’acheteur doit avoir envie de se donner la peine de faire les démarches et de prendre un risque. « Si j’économise 50 $ sur quelque chose qui en vaut 300 $ neuf, à quoi bon? Un meuble Ikea usagé, par exemple, ça ne vaut pas la peine d’acheter cela si ce n’est pas un très bon prix! », illustre-t-elle. Au contraire, « parce qu’ils ne servent pas longtemps, les articles pour bébé ou de maternité, sont super intéressants et souvent presque neufs », ajoute la femme de 29 ans.
Virginie Landry dit vendre à prix compétitif. Elle parcourt les annonces semblables à la sienne, puis affiche toujours moins cher. « Je ne vends pas pour faire le plus de profit possible », souligne-t-elle. Mais sa technique est efficace puisqu’elle se débarrasse de ses articles en moins d’une semaine, tout en empochant un peu d’argent à travers tout ça.
Aussi utilisatrice des plateformes comme LesPAC et Kijiji, Caroline Boivin relève toutefois qu’il s’agit de trouver l’équilibre. « Quand on met un article à trop bas prix comparativement à ceux similaires en vente, certaines personnes y voient quelque chose de suspect et pensent que c’est de moins bonne qualité. »
Et les deux femmes s’entendent : tant qu’à vendre un article à trop bas prix, aussi bien le donner à un proche ou à un organisme. C’est aussi moins de troubles pour elles.
J’en conviens; c’est un équilibre qui est très sensible aux perceptions de chacun. Ce que je trouve trop cher se fait parfois acheter par d’autres à toute vitesse. En ce moment, je note que plusieurs personnes demandent des prix élevés pour des articles difficiles à dénicher en magasin en raison de la pandémie.
Cela dit, cheap ou pas, moi j’attends « ma » vraie bonne affaire.
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