Dans mon plus récent billet, je faisais preuve de beaucoup d’optimisme quant à l’obtention de la fameuse carte annuelle de la Société des établissements de plein air du Québec (Sépaq) à 50 % de rabais (Édition Bonjour Québec 2021). Conclusion : je n’ai pas pu avoir ma part du gâteau. Comme beaucoup d’entre vous, d’ailleurs.
J’étais dans la salle d’attente virtuelle avant 9 h, puis j’ai été transférée dans la file d’attente. Mais quand j’ai pu y jeter un œil, j’étais dans les limbes d’un code d’erreur. J’imagine que j’ai été éjectée du site de transaction quand j’y ai été enfin admise faute d’inaction pendant quelques minutes. Comme la plupart, je travaillais. J’étais même en tête à tête en visioconférence pour une formation demandant toute mon attention. Bref : ça m’a passé sous le nez.
Zut !
Je me suis remise en file pour finalement être en attente toute la journée. J’y suis restée par entêtement : être la 90 millième quand il reste 37 500 cartes, selon les dires du site, ça commence à être statistiquement difficile, n’est-ce pas ? C’est à 17 h que la page m’a confirmé officiellement mon échec en indiquant que « toutes les unités de cette édition spéciale de la carte annuelle ont été vendues ».
Pas de quoi faire une chronique, je vous rassure. Je suis passée à côté d’une économie d’une quarantaine de dollars sur un an, pas de quoi déchirer ma chemise. Et bravo à vous (sincèrement) si vous avez pu mettre la main sur une carte. Profitez-en bien !
Popularité, pépins techniques et frustration
Alors qu’il a fallu environ 72 heures l’an dernier, c’est en 8 heures que les quelque 140 000 cartes ont donc été achetées… incluant une pause de plusieurs heures due à des problèmes techniques et de sécurité. En effet, même si je m’en veux de ne pas avoir été un plus fin stratège, aurais-je pu mettre la main sur une carte ? Rien n’est moins sûr avec tous les problèmes que le site a rencontrés.
Tentatives de fraude, problème empêchant les détenteurs de carte Mastercard Desjardins de conclure leur transaction : ça n’allait pas très bien, selon les informations transmises par la Sépaq au cours de la journée du 1er juin.
Et sur les médias sociaux, d’innombrables personnes se plaignaient d’avoir été éjectées et remises bien bas dans la file d’attente virtuelle, que ce soit parce que leur paiement a été refusé ou pour d’autres problèmes. Frustration, sentiment d’injustice, déception : les témoignages fusaient. Ça se comprend.
Un système de vente à revoir ?
Ma mise en échec personnelle, celle des autres et les problèmes lors de la vente m’ont fait réfléchir. Ce rabais est presque devenu une loterie, mais une loterie qui n’est pas très équitable. Au-delà même de ces fameux problèmes techniques, le système de vente n’a-t-il pas fait son temps ?
1. Qui peut se trouver devant son ordinateur ou son téléphone et être attentif à quelques minutes près un mardi à 9 h ?
Sûrement pas les enseignants en classe, sûrement pas les infirmières à l’hôpital ou les préposés aux bénéficiaires en CHSLD, ou bien d’autres personnes ! Même comme travailleuse autonome à mon bureau à domicile, donc privilégiée dans ce contexte, j’ai manqué mon coup.
2. Les gens pouvaient acheter quatre cartes à la fois. Considérant que les enfants de 17 ans et moins ont accès gratuitement aux parcs nationaux, pourquoi quatre cartes par individu ?
Suivant cette logique, des gens ont probablement fait équipe pour mettre la main sur des laissez-passer. Si vous l’avez fait, grand bien vous fasse, mais il n’en demeure pas moins que ce règlement est questionnable, surtout s’il n’avantage pas particulièrement les gens nommés plus haut.
3. Quelque 140 000 cartes à 50 % de rabais, c’est vraiment chouette pour ceux qui ont mis la main dessus, on s’entend. Mais ça touche somme toute peu de gens alors qu’il s’agit d’un financement gouvernemental. Les prix réguliers augmentent tranquillement en parallèle au fil du temps, n’est-ce pas un peu fâchant ? Rabais de 50 % pour les uns, hausse de prix pour tous les autres ? Difficile de ne pas le percevoir ainsi.
En 2017, Parcs Canada a fêté le 150e anniversaire du pays en offrant l’accès gratuit à tous, et ce, pour toute l’année. Niveau équité, c’est dur à battre. Sans aller aussi loin (faute de budget), Québec aurait pu faire autrement avec son financement de 5 millions de dollars.
Par exemple, un rabais de 25 % sur la carte annuelle aurait été appréciable et aurait doublé le nombre de cartes disponibles pour cette vente. Moins de gens se seraient « garrochés », pour sûr, mais les intéressés auraient eu un peu plus de chances. Autre idée : pourquoi ne pas payer l’équivalent des taxes sur les cartes annuelles et les accès journaliers pendant un an pour tout le monde ? Ou encore, organiser un tirage au sort parmi des inscrits ? Ces suggestions ne sont pas idéales non plus, je le sais bien, mais on jase, là.
Aux décideurs qui déterminent comment dépenser ce financement gouvernemental de plusieurs millions de dollars, j’ai donc envie de dire qu’il y aurait peut-être matière à réflexion avant de se lancer dans une potentielle 3e édition, de « brainstormer » de nouvelles idées, pourquoi pas…