Maintenant, la question qui tue: à quel point est-il important de « battre le marché » ?
Dans une étude parue en 2018 analysant le rendement, entre 1999 et 2013, du portefeuille de représentants canadiens en épargne collective, des chercheurs ont dit avoir découvert deux choses: d’abord, ces conseillers sont en grande majorité honnêtes et transparents avec leurs clients.
En revanche, leurs stratégies d’investissement ont généré des rendements en moyenne 3 % sous un barème comparable. C’est-à-dire que leur rendement annuel aurait été 3 % plus élevé chaque année s’ils avaient suivi les indices de référence sans intervenir.
« Il faut éviter les généralisations, avertit d’entrée de jeu le planificateur financier et courtier de plein exercice montréalais Fabien Major. En finance, il existe plusieurs types de professionnels qui n’ont pas tous le même objectif. Atteindre ses objectifs de vie et chercher à obtenir un rendement qui fait mieux que les indices sont deux choses qui ne sont pas toujours compatibles. »
Un adage dans le monde de la finance dit qu’il n’y a pas de rendement sans risque. Si vous décidez de confier votre épargne à un professionnel, il établira un profil d’investisseur qui indiquera votre tolérance au risque. La composition de votre portefeuille sera établie en fonction de cette tolérance.
Les chances que l’argent que vous mettez de côté pour votre retraite soit investi dans les produits financiers les plus audacieux sont relativement faibles. Le rendement annuel de votre portefeuille sera peut-être moins élevé que celui de certains indices, mais quand l’indice chute, votre épargne risque de moins en souffrir, conclut l’expert en finances personnelles.
De l’argent laissé sur la table
Si vous recherchez un rendement maximal, vous pouvez toujours demander au professionnel qui gère vos placements comment vont ses propres placements. Cela pourrait être révélateur.
L’étude universitaire américaine de 2018 a fait beaucoup jaser depuis qu’elle a été reprise le mois dernier dans La Presse. Un rendement annuel inférieur de 3 %, sur les 14 ans de l’étude, cela se traduit par un rendement total perdu de 52 % par rapport à la valeur initiale de leur investissement. C’est beaucoup !
Surtout que les clients des planificateurs observés en ont également souffert, si on en croit l’étude. Les experts en finance adoptent généralement la même stratégie avec l’argent de leurs clients qu’avec leurs propres placements.
« Les courtiers en épargne collective effectuent fréquemment des transactions, privilégient des fonds à frais élevés et sous-diversifient leur portefeuille. Et ils ne le font pas pour convaincre leurs clients de faire de même : ils continuent d’agir de la sorte même une fois qu’ils ont quitté l’industrie », concluent les chercheurs.
Bien choisir son conseiller
D’où l’importance d’adopter une stratégie et un profil d’investisseur adapté à chacun des produits financiers que vous possédez. Bien des épargnants québécois possèdent un régime de retraite (REER) ou un compte d’épargne libre d’impôt (CELI). Ceux qui ont des enfants ont peut-être aussi un régime d’épargne-études (REEE). Il est possible d’avoir un profil d’investisseur différent pour chacun de ses produits d’investissement. Peut-être votre CELI peut-il être plus à risque ?
Se faire conseiller sur la meilleure façon de faire fructifier son épargne n'est pas toujours simple. Déjà, trouver le bon type de professionnel pour y arriver est un sacré casse-tête. D’ailleurs, on emploie généralement le terme de conseiller financier, mais au Québec, il est critiqué. Selon l’Autorité des marchés financiers, on devrait parler de représentant. Et ceux-ci peuvent, selon les services qu’ils offrent, être planificateurs financiers, gestionnaires, courtiers ou de simples représentants de leur institution financière ou de types d'investissements particuliers, comme des fonds communs.
Selon vos besoins personnels, vous serez tentés d'opter pour un professionnel qui vous aidera à gérer l'ensemble de vos finances personnelles, comme un planificateur financier. Un gestionnaire de portefeuille ou un courtier de plein exercice vous aideront pour leur part à acheter directement certains produits financiers, comme des actions boursières.
Peu importe le type de professionnel recherché, il est important d'avoir confiance en lui. La première chose à faire est donc de vous assurer qu’il est apte à vous aider avec vos finances en vérifiant s’il est dûment inscrit auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF).
Vous pouvez aussi lui demander s’il est en mesure de vous proposer des produits qui ne sont pas exclusivement ceux de l’entreprise pour laquelle il travaille. Par exemple, s’il insiste pour vous offrir une carte de crédit alors que vous n'en avez pas besoin, peut-être a-t-il plus à cœur la satisfaction de son employeur que celle de ses clients…
Après tout, le but n’est pas toujours de battre les indices, mais il faut avoir confiance dans la stratégie proposée pour atteindre ses propres objectifs financiers.
>> À lire aussi : Finances: planifier seul ou avec un planificateur et Porter plainte en finances.
PRÉCISION 07/05/2021: le texte de ce billet a été modifié afin de clarifier les rôles de différents intervenants dans le domaine financier et les services qu'ils peuvent offrir au public, tels que définis par l'Autorité des marchés financiers.